Le geste des deux associations qui ont honoré Amar Ghoul pour son action remarquable dans le domaine des travaux publics, par ailleurs saluée par nombre de citoyens et de responsables à travers le pays, est intéressant à plus d'un titre. Il témoigne d'un intérêt et d'une attention, de plus en plus grands, de la société civile quant à la manière de gérer, d'intervenir personnellement et d'influer sur l'évolution des projets menés dont font montre les membres de l'Exécutif, et cela à tous les niveaux de l'appareil étatique. Il illustre également une culture nouvelle qui fonde la participation des citoyens à la sanction positive ou négative, c'est selon, de tout exercice de la responsabilité, impliquant des comptes à rendre aussi bien à la tutelle officielle qu'à la communauté, au sens large. En ce sens, un ministre plébiscité, comme c'est aujourd'hui le cas de Amar Ghoul, c'est l'expression d'un hommage d'autant plus méritoire et mérité qu'il traduit la satisfaction, difficilement contestable, de la vox populi. Longtemps, les responsables algériens ont fait la fine bouche devant de tels hommages parce qu'ils peuvent être sujets à caution ou parce qu'ils n'impliquent pas une longévité de carrière ou une promotion à la hauteur de la reconnaissance exprimée par des voix modestes. C'est là quelque chose qui est en train de changer, lentement mais sûrement, dans notre pays où l'opinion publique s'est nettement renforcée, via le tissu associatif, en s'organisant et en s'ancrant, à la fois, dans les arcanes partisanes et en amont et en aval des structures étatiques. Dans le laborieux mais inexorable processus de démocratisation vécue par la société algérienne, il est des signes pertinents qui augurent d'un changement rapide des mentalités et, parmi eux, le signe le plus en vogue, à l'heure actuelle, a trait à cette implication nouvelle des associations vis-à-vis du monde politique auquel elles attribuent des distinctions, en apparence guère lucratives mais qui deviendront, au fil du temps, participatives du curriculum vitae que chaque candidat, à quelque poste que ce soit, sera tenu de présenter afin de valider son ambition. Il ne faut donc pas sous-estimer, et encore moins minimiser, ce type d'hommage qui salue le mérite effectif de gestionnaires comme Amar Ghoul, un homme connu pour sa présence régulière sur le terrain et pour son franc-parler quand il s'agit de relever les lacunes, les insuffisances et les retards enregistrés dans les travaux relevant de son secteur. Gageons qu'avec de tels gestes, une saine et prometteuse émulation va donner des ailes aux autres responsables, à tous les niveaux de la hiérarchie, et cela pour le plus grand profit d'un pays où les chantiers sont encore tributaires de lourdeurs bureaucratiques et de retards plus ou moins fatidiques.