Il s'était exprimé, jeudi, à l'occasion de la présentation, à Oran, de son film intitulé Douar de femmes. Le réalisateur, Mohamed Chouikh, a traité de «drawich» (littéralement, les charlatans) les responsables qui, après l'ouverture du marché opéré suite aux événements d'octobre 1988, ont voulu appliquer, et du jour au lendemain, les règles du libre marché au cinéma. Il s'était exprimé, jeudi, à l'occasion de la présentation, à Oran, de son film intitulé Douar de femmes. «Nous ne sommes pas plus capitalistes que les Français ou les Anglais qui, eux, continuent à aider par diverses formules leurs productions cinématographiques», s'était-il indigné en évoquant également le cas de la Tunisie et plus récemment du Maroc, un pays qui a compris les enjeux de l'image pour avoir créé un environnement favorable à la production cinématographique: studios, laboratoires, festivals, etc. Des propositions pour tourner au Maroc lui ont été adressées. «Ailleurs, on nous dit que le cinéma algérien se porte bien car il y a beaucoup de films qui sortent mais, en réalité, ces films dont on parle, réalisés par des Algériens, il est vrai, sont produits grâce à des montages financiers en France ou, dans une moindre mesure, dans d'autres pays européens et ce sont donc des films français pour la majorité», explique le réalisateur de La Citadelle. Les rôles sont inversés. A une époque qui apparaît aujourd'hui comme un âge d'or du cinéma national, l'Algérie a, par exemple, financé le film Z du cinéaste français, Costa Gavras et dont la thématique, traitant de la dictature des généraux grecques, n'a pas été du goût des producteurs de l'Hexagone. Comble de l'ironie, ce film a valu à l'Algérie un Oscar du meilleur film étranger aux Etats-Unis. Mais M.Chouikh ne sublime pas pour autant cette période où, dit-il, les cinéastes étaient des salariés et quand ils avaient un projet, ils devaient déposer le scénario et attendre leur tour, en supposant que celui-ci, à cause des considérations idéologiques, passe le cap de la censure. Loin de toute nostalgie, M.Chouikh estime seulement que des solutions étaient et restent toujours envisageables même en restant dans le cadre des changements opérés dans le monde et en Algérie en particulier. Son film a coûté 2,9 milliards de centimes, une bagatelle pour un long métrage en 35 mm. «Si le cinéma algérien est en crise, ce n'est pas la faute aux cinéastes», se défend-il. Il reconnaît, néanmoins, que la télévision algérienne a, quand même aidé à la réalisation de films qui, de par certaines scènes qu'ils contiennent, n'ont, pour le moment, aucune chance de passer sur le petit écran sinon, ironise-t-il, à une heure tardive de la nuit. Présents au débat, les artistes, Saïd Hilmi, Bahia Rachedi et Nawal Zaâter ont abondé dans le même sens et ont montré une disponibilité à faire encore des sacrifices pour que des films puissent voir le jour. Le premier l'a explicitement exprimé. La seconde a évoqué sa participation, à titre bénévole, dans un court métrage pour aider, dit-elle, les débutants. La troisième devait rappeler qu'elle a déjà joué des rôles autres que ceux pour lesquels le public la connaît en ce moment.