Entre Alger et Rabat, c'est la rupture. La décision n'a pas été prise au pied levé, mais mûrement réfléchie après l'intensification, ces derniers mois, des attaques du Makhzen contre l'Algérie. Serein mais ferme, Ramtane Lamamra, a annoncé donc, hier, au nom du président de la République, la rupture des relations diplomatiques de l'Algérie avec le Maroc. Une étape qui succède à la décision du Haut Conseil de sécurité, de «revoir les relations entre les deux pays». Le ministre des Affaires étrangères a clairement expliqué les raisons d'une telle escalade en soulignant que l'Algérie refuse de subir des comportements et des actes condamnables» et «refuse les faits accomplis unilatéraux». Et ces raisons sont multiples. À commencer par la guerre d'agression ouverte de 1963, la décision du royaume de rompre brutalement en 1976 ses relations diplomatiques avec l'Algérie ou encore l'imposition unilatérale, injuste et injustifiée du régime des visas aux ressortissants algériens en 1994 et la profanation du drapeau national un 1er novembre 2013. Depuis toujours, le Makhzen actionne ses appareils de propagande pour mener une guerre médiatique de bas niveau et de grande envergure contre l'Algérie, mais les dernières dérives du royaume ont constitué pour l'Algérie un point de non-retour. Il s'agit, notamment de la grave dérive d'un sujet du roi, à savoir son ambassadeur auprès de l'ONU qui a invoqué un prétendu «droit à l'autodétermination du vaillant peuple kabyle». «Face à une provocation qui atteint son paroxysme, l'Algérie a fait preuve de retenue en demandant publiquement une clarification» a rappelé, hier, le premier diplomate non sans préciser que «le silence assourdissant de la partie marocaine à ce propos qui persiste depuis le 16 juillet dernier traduit clairement la marque d'une caution politique de la plus haute autorité marocaine». Les faux pas du roi se sont multipliés puisque le Maroc qui en plus d'être empêtré dans un scandale mondial d'espionnage dont les hauts responsables algériens ont été victimes, a fait de son territoire «une franchise diplomatique» à Israël, offrant l'occasion à son ministre des Affaires étrangères, en présence de son homologue marocain, de lancer des accusations insensées et des menaces à peine voilées à l'encontre de l'Algérie. Une telle performance de l'Etat marocain «est révélatrice d'une hostilité extrême et d'une fuite en avant sans discernement ni limites». La déclaration du consul marocain à Oran qui avait déclaré que «l'Algérie est un pays ennemi» semble bien être la devise du royaume puisque ce dernier n'est pas étranger aux derniers incendies qui se sont déclarés dans le pays ni au meurtre de Djamel Bensmaïl, ayant activement collaboré avec les deux mouvements décrétés organisations terroristes par l'Algérie, à savoir le MAK et RACHAD. Les griefs retenus contre le Maroc sont nombreux et ne peuvent être cités dans un article de presse. La retenue d'Alger et sa volonté de faire prévaloir les relations de paix, de bon voisinage et de coopération, ont leurs limites. Et ces limites sont atteintes.