Principal artisan de l'accord d'Alger, le ministre des Affaires étrangères, en visite, avant-hier à Bamako, a reçu, au siège de l'ambassade d'Algérie, une vingtaine de dirigeants des Mouvements signataires de l'accord. La rencontre met clairement en évidence la solidité du processus d'Alger et vient confirmer l'attachement de l'ensemble des signataires, d'un document de paix qui fait présentement l'unanimité au sein de la société politique malienne. Il reste que l'application du contenu dudit accord qui, visiblement n'a pas pris une ride, bute devant des embûches créées par une volonté d'internationalisation de la crise dans ce pays. Les coups d'Etat successifs et les actions violentes perpétrées par des groupes armés retardent systématiquement la mise en oeuvre des principales dispositions de l'accord, dont «l'état d'opérationnalisation des principales dispositions» demeure encore d'actualité, mais toujours bloqué malgré l'adhésion des mouvements politiques impliqués dans le processus d'Alger. Lamamra et ses invités ont abordé cette problématique «dans la perspective de la restauration de la paix et de la stabilité au Mali et de la préservation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Etat malien», rapporte un communiqué du ministère des Affaires étrangères. L'aspect très positif dans la rencontre d'avant-hier à Bamako tient dans «le climat de confiance entre toutes les parties prenantes maliennes». Ce climat de confiance devra être préservé dans l'objectif de «consolider les progrès réalisés et poursuivre les efforts pour diligenter collectivement la mise en oeuvre de l'accord, notamment pendant la période de transition en cours», rapporte la même source. Les observateurs de la scène malienne qui réalisent le poids de l'Algérie dans le maintien d'une certaine stabilité dans le pays, alors que tout concourt à un embrasement généralisé, notent les excellents rapports qu'entretient Ramtane Lamamra avec les chefs des mouvements maliens. C'est là un élément majeur dans tout processus de retour à la légalité constitutionnelle dans le pays. Conscients de l'importance capitale de ce qui a été réalisé à Alger en 2013, les interlocuteurs du ministre des Affaires étrangères ont unanimement «renouvelé leur attachement à l'accord de paix». Un soutien de taille en faveur de la diplomatie algérienne. L'accord d'Alger est ainsi décrit comme «le cadre idoine pour la consolidation du retour définitif et durable de la stabilité dans le pays», rapporte la même source. À travers cette rencontre qui peut paraître informelle, compte tenu de l'agenda du ministre et des enjeux actuels et l'entrée en lice de nouveaux acteurs politiques et sécuritaires, l'Algérie fait la démonstration de sa compétence et du capital confiance dont elle jouit auprès de la majorité des protagonistes au Mali. Le pouvoir en poste à Bamako ne pourrait pas trouver meilleur médiateur pour solutionner la crise multidimensionnelle, dans laquelle se débat le pays. L'intérêt de l'Algérie pour un Mali pacifié et stable est certes, mu par des considérations de sécurité interne. Mais il y a certainement, dans la démarche d'Alger une volonté de hisser toute la région du Sahel vers un développement global dans l'intérêt des peuples de la région. Cette approche s'est symboliquement matérialisée par la visite du ministre au «Centre de l'Imam Mahmoud Dicko pour la paix et le vivre ensemble dans les pays du Sahel». Une institution dont le Mali a un grand besoin. L'Imam Mahmoud Dicko, fondateur de ce centre, ancien président du Conseil supérieur islamique du Mali et animateur principal du Mouvement M5 s'est entretenu avec Ramtane Lamamra. Les deux hommes ont parlé de la nécessaire «promotion d'une culture de paix et de réconciliation pour mettre fin aux crises affectant la stabilité des pays de cette région», rapporte la même source, comme pour souligner que la paix se préserve et se défend avec des hommes et des femmes de paix et de bonne volonté. C'est tout le travail qu'abat l'Algérie dans ce pays.