Les dirigeants rebelles du Tigré ont accusé, hier, l'Union africaine (UA) de «partialité» à la suite de la désignation par l'organisation panafricaine d'un médiateur dans le conflit qui déchire le nord de l'Ethiopie depuis près d'un an. «Il serait naïf de penser que cette mission puisse marcher», a affirmé sur Twitter le porte-parole des rebelles Getachew Reda, trois jours après la nomination de l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, comme représentant de l'UA dans la Corne de l'Afrique avec pour mission de «promouvoir la paix, la sécurité, la stabilité et le dialogue politique». «Résoudre une crise requiert au moins la reconnaissance de l'existence, sinon de l'importance, d'un problème», écrit le porte-parole des rebelles tigréens. «Nous avons du mal à comprendre comment on peut attendre un rôle constructif de la part d'une organisation qui a donné tout son sens au mot partialité», conclut-il. Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a pour sa part rejeté à plusieurs reprises toute proposition de médiation avec les leaders tigréens, affirmant qu'il ne s'agissait que d'une «opération limitée de maintien de l'ordre». Abiy Ahmed avait envoyé l'armée au Tigré, région la plus septentrionale du pays, en novembre 2020 pour renverser les autorités dissidentes issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Selon le prix Nobel de la paix 2019, cette opération répondait à des attaques contre des camps de l'armée fédérale ordonnées par le TPLF. La victoire devait être rapide, mais la région s'est enfoncée dans un conflit dévastateur, marqué par de nombreuses exactions contre les civils. Fin juin, les forces pro-TPLF ont repris la capitale régionale Mekele, puis l'essentiel du Tigré, et poussé dans les régions limitrophes de l'Amhara et de l'Afar pour mettre fin à ce qu'elles décrivent comme un blocus humanitaire du Tigré et pour empêcher les forces pro-gouvernementales de se regrouper. Le conflit s'est avéré un sujet délicat pour l'Union africaine, basée à Addis-Abeba, et les alliés de l'Ethiopie ont empêché toute discussion sur le sujet au Conseil de sécurité des Nations unies. Selon l'ONU, le conflit a déjà placé quelque 400.000 personnes dans une situation proche de la famine.