L'exposition entend faire connaître aussi le rôle joué par l'Espagne comme carrefour des cultures dans la Méditerranée. «Ibn Khaldoun , la Méditerranée au XIVe Siècle. Essor et déclin des Empires» est l'intitulé d'une exposition qui été inaugurée jeudi soir, à Séville, au Real Alcazar. Cette exposition se veut être un hommage à l'un des penseurs musulmans des plus importants de tous les temps. Son parcours, depuis Al-Andalous, à travers le Maghreb, avant de gagner l'Egypte, révèle des relations politiques, économiques, sociales et culturelles si étroites existant au temps d'Ibn Khaldoun. «La vie et l'oeuvre de ce génie ont, de nos jours, une importance très spéciale afin de nous aider à enrichir notre patrimoine culturel commun ainsi qu'à travailler en faveur de la consolidation des relations de tout genre entre le monde occidental et le monde arabo-musulman, ayant comme objectif final de générer compréhension et dialogue interculturel». Plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement, parmi lesquels le roi du d'Espagne et le président de la République Abdelaziz Bouteflika, ont assisté à l'inauguration de cette manifestation. Dans le cadre géographique de la Méditerranée, les Etats européens et arabo-musulmans seront évoqués à travers leurs cultures, leurs conflits, leurs échanges commerciaux ainsi que l'héritage artistique de l'époque. Le fil du discours de l'exposition sera le penseur Ibn Khaldoun, considéré aujourd'hui comme le penseur musulman le plus étudié dans le monde et dont on commémore cette année le 6e centenaire de sa mort. Le penseur est né en 1332 à Tunis d'une famille de notables andalous chassés de Séville lors de la reconquête espagnole. On le retrouve auprès des souverains rivaux du Maghreb et de Grenade avant de quitter la région pour gagner l'Egypte où il devint grand cadi. Pendant son séjour à Qalat Beni Slama, il écrit la Muqaddima (Prolégomènes), considérée comme le premier livre de sociologie de l'histoire. Par ailleurs, l'exposition entend faire connaître la société espagnole et la cour de Séville ainsi que l'Europe et la Méditerranéenne au XIVe siècle. Le XIVe siècle est une époque de crise profonde qui n'épargne ni le nord ni le sud de la Méditerranée. Famines et épidémies marquent le paysage et emportent une grande partie des populations des deux rives. «On ne peut manquer d'établir des parallèles avec les crises et les guerres du XXe siècle. C'est là, un moment fort de l'exposition». L'exposition entend donner une place de choix à la ville qui l'accueille, à Séville, ville symbole de la conquête du Nouveau monde et dépositaire de l'héritage andalou qui explique, au moins en partie, l'homme extraordinaire que fut Ibn Khaldoun. L'exposition prétend aussi faire connaître le rôle joué par l'Espagne, l'Andalousie et la ville de Séville comme points de rencontre entre l'Orient et l'Occident, entre le Nord et le Sud, comme carrefour des cultures dans la Méditerranée. L'exposition aura lieu ainsi dans le beau palais du Real Alcazar de Séville, un monument dont la spécificité et la magnificence sont en soi une exposition vivante et permanente. Par ailleurs , le lieu est plus significatif dès lors qu'on sait que, lorsqu'il résida à Grenade, Ibn Khaldoun eut une entrevue dans ce même palais avec le roi Castillan Pedro I, dit le Cruel. Cette exposition a été présentée au siège de l'Unesco à Paris pendant la réunion générale du mois de décembre passé. Une autre présentation est prévue au siège des Nations unies à New York le mois de décembre. Outre l'exposition, une série de publications sont prévues : un catalogue d'articles, un catalogue de pièces de l'exposition, un livre sur la ville de Séville au XIVe siècle, le livre l'Ambassade de Ruy de Clavijo auprès de Tamerlan, Ibn Khaldoun Al' Alama, roman historique sur Ibn Khaldoun écrit par Ben Salem Himmich. Toutes ces publications sont faites en collaboration avec la fondation José Manuel Lara.