L'homme jouit d'une grande confiance de la part du secrétaire général de l'ONU. L'ancien ministre des Affaires étrangères algérien, Lakhdar Brahimi, a été choisi par l'ONU pour étudier les modalités d'envoi de troupes de Casques Bleus relevant des Forces multinationales de l'ONU. Mis à la retraite pourtant, il y a quelques mois, mais rappelé pour ses hautes compétences de négociateur, Brahimi, qui arrivera à Khartoum ce mardi, a été investi par Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, du rôle de négociateur pour parlementer avec les officiels soudanais et trouver vite un terrain d'entente sur le sujet, Khartoum ayant montré auparavant des signes de refus «de toute interférence extérieure dans des affaires internes au Soudan». C'est donc en qualité d'envoyé spécial personnel de Kofi Annan qu'Ibrahimi mènera les négociations avec le Soudan. Le porte-parole de l´ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué que Brahimi sera accompagné dans cette mission par Hedi Annabi, sous-secrétaire général pour les opérations de maintien de la paix. «Ils auront des consultations avec le gouvernement du Soudan sur le rôle que l´Onu pourra jouer dans la mise en oeuvre de l´accord de paix au Darfour, incluant le transfert proposé des responsabilités de la force de l´Union africaine (UA) à une opération de maintien de la paix de l´ONU». Mardi, le Conseil de sécurité a mis en demeure les parties soudanaises signataires de l´accord de paix d´Abuja sur le Darfour, de respecter leur engagement, et sommé les non-signataires de le parapher sans tarder. Il a menacé de sanctions quiconque entraverait la mise en oeuvre de cet accord. Le Conseil a également appelé à l´envoi au Darfour, dans un délai d´une semaine, d´une mission technique conjointe UA-ONU pour évaluer les besoins d´une future force de l´ONU. Dujarric a indiqué, vendredi, que Khartoum n´avait pas encore donné son feu vert au déploiement de cette équipe technique, dont les observations seront nécessaires pour établir le mandat de la future force de l´ONU. Il y a quelques mois, Lakhdar Brahimi, alors conseiller spécial de Kofi Annan, avait estimé «très improbable» qu'il prenne en charge pour le compte de l'ONU le dossier irakien, «dans l'étape actuelle des événements», affirmant qu'il préfèrait rester à Washington et continuer à suivre le développement de la paix dans le monde. Cette réponse de Lakhdar Brahimi, faite à des médias américains, est intervenue après la démission de David Kay, qui présidait jusqu'à une date récente la commission chargée de faire la lumière sur la manipulation par Saddam Hussein des armes de destruction massive et les spéculations sur son éventuelle nomination en qualité de conseiller chargé des affaires irakiennes. On sait que l'histoire des armes de destruction massive détenues par Baghdad est tombée à l'eau, ouvrant une large brèche aux hostilités contre Washington. La non-nomination d'un remplaçant à David Kay avait été synonyme de la confirmation de ses investigations en Irak et la fin des spéculations concernant la possession par Saddam de ces armes, qui, rappelons-le, étaient le motif invoqué par Bush pour envahir l'Irak. Lakhdar Brahimi avait en charge précédemment le lourd dossier afghan, avant d'être nommé, à partir de janvier 2004, au poste de conseiller spécial de Kofi Annan, l'actuel secrétaire général de l'ONU. Washington estimait alors que les recherches sur la possession par Saddam des armes prohibées n'étaient pas finies, donnant, dès lors, libre cours à leur présence sur le sol irakien, alors que Kofi Annan, tout autant que Lakhdar Brahimi, estimaient que les recherches menées par David Kay étaient «sérieuses» et pouvaient même être considérées comme «définitives». Le communiqué de l'ONU, diffusé le 19 mai, et très élogieux à l'endroit de Brahimi, précisait que «dans le cadre de la poursuite du dialogue avec le gouvernement du Soudan, le Secrétaire général a décidé d´envoyer Lakhdar Brahimi à Khartoum en tant qu´Envoyé spécial, aux côtés du Sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, Hédi Annabi.». Les deux hommes «mèneront des consultations avec le gouvernement soudanais sur le rôle que pourrait jouer l´ONU dans la mise en oeuvre de l´Accord de paix sur le Darfour, notamment la proposition de transition de la Mission de l´Union africaine au Soudan (Muas) à une opération de maintien de la paix des Nations unies», a indiqué le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, lors de son point de presse quotidien, au siège de l´ONU à New York. En réponse à une question, le porte-parole a rappelé que lorsque Lakhdar Brahimi avait pris sa retraite de l´ONU, il avait indiqué qu´il restait prêt à remplir des missions ponctuelles pour le Secrétaire général. «C´est un des moments où ses compétences seront très utiles à l´ONU dans le cadre des préparatifs d´une future mission des Nations unies au Darfour», a dit le porte-parole.