Le diplomate « sapeur-pompier » se retirera de la scène internationale en cette fin d'année 2005. Un retrait qui sera fortement ressenti par ce qu'on appelle la diplomatie parallèle ou souterraine. L'Algérien Lakhdar Brahimi, envoyé spécial de l'Onu, a décidé donc de prendre sa retraite. Un acte volontaire mais qui frustre la communauté internationale de l'apport d'un homme écouté et convaincant. Ce n'est pas pour rien que « le secrétaire général (Kofi Annan) exprime sa profonde gratitude à M. Brahimi pour son courage, son conseil, sa sagesse et son dévouement et espère pouvoir encore solliciter ses avis ». Dans le communiqué rendu public en cette occasion, le secrétaire général de l'ONU lui souhaite « un repos bien mérité ». A l'âge de 71 ans, l'artisan des accords de Taef (Arabie Saoudite) pour le Liban, entres autres missions extrêmement difficiles, « a indiscutablement aidé des millions de personnes à construire de nouvelles vies dans certaines des zones les plus troublées du monde », reconnaît Kofi Annan. Ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi a représenté les Nations unies en Afghanistan de 1997 à 1999, puis de 2001 à 2004. Entre ces deux périodes, il était secrétaire général adjoint, chargé des missions spéciales de soutien aux efforts de maintien de la paix. Un poste qui lui a valu du prestige, mais aussi de la jalousie au sein des fonctionnaires internationaux et surtout les coups bas des puissances et de certains pays frères. Le diplomate « sapeur-pompier » a entrepris, au début de l'année dernière, une mission exploratoire en Irak, spécialement pour étudier la faisabilité de la tenue d'élections dans ce pays déchiré. En septembre dernier, M. Brahimi avait effectué une visite au Sri Lanka pour tenter de faire maintenir une trêve en vigueur dans l'île entre le gouvernement et la rébellion tamoule, malgré l'assassinat, le 12 août, du ministre des Affaires étrangères, Lakshman Kadirgamar. En 1994-96, il avait occupé le poste de représentant spécial de l'Onu en Haïti et en Afrique du Sud pour la période 1993-94. C'est sans doute sa déclaration faite vis-à-vis d'Israël qui lui a valu un travail de sape de la part de ceux qui ne lui ont pas pardonné. « Le grand poison dans la région, c'est cette politique israélienne de domination et de souffrance imposée aux Palestiniens et ce soutien aussi injuste des Etats-Unis à cette politique. » Une déclaration qui a peut-être précipité sa décision de prendre une retraite méritée, avec tous les honneurs. A rappeler que Lakhdar Brahimi a été membre fondateur de l'Ugema et a participé en 1956 à la grève des étudiants. De par ses qualités et ses capacités de diplomate, il sera désigné durant la révolution algérienne pour représenter le FLN et le GPRA dans plusieurs capitales dans le monde. Il a été en Indonésie alors qu'il n'avait que 22 ans et a su alors maîtriser l'indonésien tout en approfondissant sa connaissance du Sud-Est asiatique. Puis vint l'indépendance où il sera secrétaire des Affaires étrangères, puis ambassadeur en Egypte dès 1963 et dans d'autres capitales. Avant d'être nommé ministre des Affaires étrangères (1991-1992), il a eu l'honneur de seconder le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes. Lakhdar Brahimi, issu d'une famille de notables, est né en janvier 1934 à El Azizia (Bouira).