Après 20 ans d'effacement total, l'Algérie de Tebboune a retrouvé un rôle central au plan régional et brille sur l'échiquier international. Cette visibilité et cette présence, elle les doit, essentiellement, au chef de sa diplomatie, Ramtane Lamamra. Un véritable globe-trotter qui a presque fait le tour du monde en 90 jours. Il a été nommé, il y a exactement 3 mois au poste de ministre des Affaires étrangères. à peine remis de son périple américain où il a participé aux travaux de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, du 20 au 28 septembre, il entame un autre périple allant d' Addis- Abeba à Bamako pour enchaîner avec l'Europe. Lamamra était depuis hier, à Rome, à l'invitation de son homologue italien, Luigi Di Maio. Une visite où l'attend une très intense activité. Lamamra participera, lors de sa visite, aux travaux de la troisième réunion ministérielle Italie-Afrique, prévue les 7 et 8 octobre. Une réunion qui sera consacrée «à l'examen des défis énergétiques et climatiques auxquels fait face l'Afrique, ainsi que leurs répercussions sur le processus de développement dans les pays du continent», précise le communiqué des AE. Selon le même document, Lamamra présentera un exposé sur «la transition énergétique en Algérie». Il devra, également, effectuer des rencontres bilatérales avec un nombre de ses homologues africains, en plus de son entretien avec le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Luigi Di Maio. La visite du président de la République italienne, Sergio Mattarella, prévue les 6 et 7 novembre en Algérie «sera un grand moment historique». C'est ce qu'a déclaré à Rome le ministre des Affaires étrangères lors d'une rencontre avec des journalistes. «Nous avons une histoire commune qui s'est développée pendant la guerre de libération, également, grâce à Enrico Mattei. C'est une relation organique, elle ne se limite pas à un secteur précis», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne, citant le fondateur d'ENI et la guerre de libération. «Le volume de gaz (transporté vers l'Italie) est considérable, mais on ne peut pas se limiter à cela. Notre relation vise à devenir multisectorielle», a déclaré Lamamra. Le ministre des Affaires étrangères est à Rome pour participer à la Conférence ministérielle Italie-Afrique prévue demain et pour entretiens bilatéraux avec le chef du ministère des Affaires étrangères, Luigi Di Maio. à en croire la presse italienne, la tension entre Alger et Paris serait évoquée par les deux diplomates. Le quotidien Il Giornale consacre sur son site une analyse minutieuse à ce qu'implique cette brouille pour l'Italie. Le journal de Milan note à ce propos que «l'Italie ne veut pas faire les frais de la crise». La raison est que Rome dispose, en effet, d'un contingent militaire intégré dans la Task Force Takuba, qui opère dans le Sahel avec la force Barkhane. Le journal n'explique pas comment la fermeture de l'espace aérien algérien aux avions militaires français, allait-elle impacter le contingent italien? Mais à l'évidence, cela ne gênera en rien les relations entre l'Algérie et l'Italie. Les deux pays sont sur une dynamique très positive. Un état d'esprit largement exprimé, d'ailleurs, par l'ambassadeur d'Italie en Algérie,Giovanni Pugliese, lors de la visite de courtoisie qu'il a rendue à la Rédaction de L'Expression, le 1er septembre dernier. L'Algérie et l'Italie partagent la même position sur nombre de dossiers régionaux, dont l'épineuse question libyenne. Pour le diplomate italien, la position de l'Algérie est modérée et constructive. «Sur le dossier libyen, nous partageons avec l'Algérie les mêmes positions, notamment en ce qui concerne le départ des mercenaires et la non-ingérence étrangère dans les affaires internes, ainsi que le règlement de la crise libyenne», a réaffirmé l'ambassadeur italien. L'hôte de L'Expression s'est longuement étalé sur la question économique. Non seulement l'Italie ne veut pas céder une once de ses parts de marché en Algérie, mais elle en veut plus. Cette ambition a été clairement affichée par l'ambassadeur, Giovanni Pugliese. «Nous avons beaucoup d'espoirs dans les réformes économiques en cours en Algérie et surtout dans l'amélioration du climat des affaires, ainsi que des réformes bancaires», a affirmé l'ambassadeur, souhaitant qu'«une place de choix soit réservée à l'Italie dans le cadre de ces réformes». Dans le sillage de ce nouvel élan des relations algéro-italiennes, d'autres événements sont attendus dans les tout prochains mois, dont des visites à un très haut niveau. Il sous-entendait l'arrivée à Alger, les 6 et 7 novembre prochain du président de la République italienne, Sergio Mattarella.