C'est au sein de la salle de théâtre de l'Institut français que le grand homme de culture, Ali Abdoun, à présenté ce phénomène devant le public, malheureusement restreint, à cause des mesures sanitaires dues à la Covid-19. Cela n'empêchera pas l'acteur d'occuper la scène pour éblouir les invités ayant assisté à sa présentation couronnée par une exposition photographique de l'artiste Patrick Massaia. Présenté au public par la nouvelle directrice de l'Institut français Charlotte Aillet, l'hôte de Constantine s'est donné un grand plaisir à faire connaître ce rituel intéressant. L'Institut Français écrira à ce propos: «C'est dans une vallée perdue de l'Atlas algérien que se perpétue une fête carnavalesque pour fêter «le Nouvel An berbère» (le 12 janvier), Ennayer de la vallée des Lions. Ce théâtre populaire a lieu dans les rues des villages de Beni Snous qui, comme chacun le sait, est une région montagneuse et chaque village possède sa propre représentation de l'Ayred, qui peut différer d'un lieu à l'autre. L'Ayred est donc la célébration d'un rituel théâtral, dont les personnages peuvent différer largement d'un village à un autre.». Mais Ali Abdnoun, qui militte depuis les années 80 pour faire connaître ce rituel, estime que c'est plutôt, une forme plus élaborée de la représentation, un fait culturel ancestral enfoui ça et là dans la mémoire collective. Il n'existe pas seulement à Béni Snous, dans la wilaya de Tlemcen, mais dans l'Ouarsenis, de la Kabylie aux Aurès, des Zibans à Ouargla, Adrar, Béchar ou Boussemghoun. Des formes diverses et des appellations diverses (l'Ayred, l'Aarel Amghar, l'Aichou) réunies par un seul symbole « le lion». Il s'agit d'une «pratique pédagogique qui préserve la dignité des familles nécessiteuses, aussi lorsque l'on reçoit de la nourriture dans un cadre festif, c'est comme si on gagnait à un jeu et, donc, on n'a pas cette impression d'avoir fait de la mendicité». D'ailleurs, personne ne sait qui a donné, puisque les donneurs sont masqués», précise d'emblée Ali Abdoun, comédien et metteur en scène, originaire de la région. Cette année, comme les précédentes, est fêté dans la communion et l'esprit du partage. Le présentateur dira de sa vallée de Béni Snous que c'est une «contrée de savants illustres, composée de douze hameaux, qui dort sur des vestiges datant de 12 siècles. Une civilisation dont les habitants sont toujours imprégnés. «Nous sommes une des rares populations au Maghreb à fêter encore Ayred (le lion en berbère zénète) et le calendrier berbère», dira-t-il avant d'ajouter « une tradition qui remonte à la nuit des temps». On raconte qu'il y a «950 avant Jésus-Christ, Chachnak, chef berbère, sortit victorieux d'une bataille contre Ramsès et se vit intronisé pharaon. Dès lors, les Berbères ne pouvaient que fêter cette victoire en désignant cette date comme le premier jour du nouveau calendrier amazigh, coïncidant avec le 12 janvier du calendrier grégorien». Ainsi et depuis, les Amazighs de Beni Snous célèbrent Yennayer et Ayred. Une tradition basée sur la préparation de mets particuliers (berkoukès, beignets et crêpes) et des spectacles nocturnes, consistant à reproduire une histoire mythologique. Un spectacle qui a été immortalisé par l'artiste Français Patrick Massaia qui était présent avec le public via une transmission de visioconférence. Le public a beaucoup apprécié, notamment les retrouvailles avec la culture après deux ans d'absence à cause du virus Covid-19.