Encore loin de l'immunité collective! Après un silence de presque deux semaines, les chiffres de l'évolution de la campagne de vaccination ont été «libérés». On comprend mieux ce black-out, du fait qu'elle est très en deçà des objectifs tracés. En effet, un peu plus de 10 millions d'Algériens ont reçu au moins une dose de ce vaccin. Seule la moitié est totalement vaccinée. «10 millions et 200000 Algériens ont reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid -19, alors que 5 millions ont reçu les deux doses», a révélé, hier sur les ondes de la Radio Chaîne 1, le professeur Riad Mahyaoui, membre du Comité scientifique d'évaluation et de suivi de la pandémie de coronavirus. Certes, on a vacciné près de 4 millions de personnes, dont plus de 2 totalement, depuis le dernier décompte des autorités sanitaires datant du 26 septembre dernier, mais cela reste insuffisant, très insuffisant! De l'aveu même du professeur Mahyaoui, la campagne de vaccination est en train de «patiner». «La vaccination n'est pas à la hauteur des capacités dégagées par les hautes autorités du pays et les objectifs qui ont été tracés par le ministère de la Santé», a-t-il souligné. Il explique cela par la stabilité de la situation sanitaire. «Le fait que les indicateurs épidémiologiques de la Covid-19 soient au vert, a fait que les citoyens sont de plus en plus réticents à la vaccination», a-t-il soutenu. Le professeur Riad Mahyaoui indique, dans ce sens, une forte baisse de l'affluence vers les centres de vaccination, ces derniers jours, par rapport au mois de septembre dernier où le ministère de la Santé avait lancé une importante campagne pour accélérer ce processus. Justement, qu'en est-il de ce fameux «big day» qui devait nous rapprocher de l'immunité collective? Comme l'a constaté la majorité des citoyens, cela a été un échec total. «Le record de nombre de citoyens vaccinés en une journée a été de 296 000 personnes», fait savoir ce membre du Comité scientifique. Un chiffre des plus ridicules, au vu des moyens humains et matériels mobilisés durant cette campagne. Il n'y a pas de quoi se réjouir. Cela aurait été le cas si l'on avait réussi l'exploit d'atteindre le million de personnes vaccinées en une journée. Des pays plus petits et aux moyens beaucoup plus limités ont réussi à faire le double, voire le triple de ce chiffre, à l'image de la Tunisie qui a réussi, au mois d'août dernier, à vacciner près de 600 000 personnes en une journée. On est donc face à une campagne qui tourne véritablement au «fiasco». L'objectif d'atteindre l'immunité collective d'ici à la fin de l'année semble s'éloigner de plus en plus. On vient à peine de dépasser les 10% de la population totalement vaccinée. Il faudrait encore au moins vacciner totalement 15 millions de personnes pour espérer l'immunité grégaire. Entre-temps, la situation sanitaire pourrait une nouvelle fois se dégrader. Comme ne cessent d'avertir les experts, on n'est pas à l'abri d'une quatrième vague. Ils prédisent même son arrivée pour la fin de l'année en cours. Ils s'attendent même à ce qu'elle soit encore plus féroce que les trois premières. Ce serait une véritable catastrophe sans la «digue», encore trop fragile, de la vaccination. À ce moment, il faudra assumer les responsabilités, à commencer par le ministre de la Santé. Certes, les citoyens qui refusent encore le vaccin peuvent être pointés du doigt, mais ils ne sont pas les seuls coupables. On ne fait rien pour les inciter à sauter le pas de la vaccination. Les campagnes de sensibilisation mises en place auraient été efficaces dans les années... 1970. L'obligation du pass sanitaire pour l'accès aux lieux publics tarde à venir. De plus, il est de la responsabilité des personnes concernées par cette campagne, de trouver des moyens innovants afin de pousser les citoyens à se faire «piquer». Au lieu de cela, on a mobilisé du personnel qui s'est presque roulé les pouces durant un mois. C'est véritablement du bricolage...