C'est la grande forme. Les prix de l'or noir ont clôturé la semaine qui s'est achevée, vendredi dernier, sur des hausses qui ont propulsé le baril à des niveaux plus revus depuis plus de 3 ans pour le Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien et 7 ans pour le pétrole américain. Le prix du WTI, West Texas intermediate, appelé aussi Texas Light Sweet, a grimpé de 1,05 dollar ou 1,34% pour terminer à 79,35 dollars. En matinée, le cours avait atteint 80,09 dollars, du jamais-vu depuis le 3 novembre 2014. À Londres, le Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre a gagné 0,53% ou 44 cents pour terminer à 82,39 dollars. En séance, il a effleuré son dernier plus haut enregistré mardi, à 83,47 dollars. Le contrat sur le baril de brut américain aura progressé de 4,77% sur la semaine, tandis que celui du Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, s'est bonifié de 4,06%. Il aura engrangé près de 20 dollars en moins de 2 mois. Il est passé d'un peu plus de 65 dollars, le 21 août 2021, à près de 83 dollars, le 8 octobre 2021. Cette embellie n'a cependant pas été un fleuve tranquille. Le baril a, en effet, été stoppé dans son ascension par une augmentation inattendue des stocks US, alors que les américains envisageaient de puiser dans leurs réserves stratégiques pour freiner la progression des prix jugés trop élevés pour eux. Les cours ont fini par plier jeudi. Les stocks de brut avaient grimpé de 2,3 millions de barils, la semaine dernière, avait indiqué, mercredi, l'Agence américaine d'information sur l'énergie. La secrétaire américaine à l'Energie, Jennifer Granholm, a annoncé, dans la foulée, que l'administration américaine envisageait de puiser dans les réserves stratégiques de pétrole. Ce qui a fait plier les prix. Le baril de Brent a lâché 1, 48 dollar et celui du WTI 1,50 dollars. Cette initiative «reflète l'inquiétude croissante de la Maison-blanche quant à une flambée des prix qui pourrait faire dérailler la reprise mondiale», relève Helima Croft, de RBC. Elle «vise clairement l'Arabie saoudite et ses partenaires de l'Opep+ (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 10 partenaires dont la Russie, Ndlr) en les incitant à mettre davantage de barils sur le marché», a-t-elle souligné. Les Américains trouvent que les cours actuels de l'or noir sont élevés. Et ils le crient tout haut. La faute à qui? L'Opep+ n'en fait «pas assez» et menace la reprise de l'économie mondiale et les prix à la pompe, avait déclaré, le 11 août dernier, le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, ajoutant que «la hausse des coûts de l'essence, si elle n'est pas maîtrisée, risque de nuire à la reprise mondiale en cours.» Ce «soulagement potentiel du côté de l'offre ne serait que de courte durée, étant donné les déficits structurels auxquels le marché mondial du pétrole sera confronté à partir de 2023», ont répliqué de leur côté les experts de Goldman Sachs. Le baril a, en tous les cas, fini par corriger son faux pas de jeudi dernier et s'apprête à entamer une nouvelle semaine, aujourd'hui, qui s'annonce, en principe, tout aussi prolifique que la précédente. «Toute baisse des prix ne durera pas, étant donné l'appétit mondial pour l'énergie», affirme Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. Les clignotants jouent en faveur d'une bonne tenue des cours de l'or noir qui bénéficient d'au moins deux facteurs: la reprise de la consommation en Chine et aux Etats-Unis, où la pandémie semble s'essouffler et surtout, la décision des membres de l'Opep+, de n'ouvrir que prudemment leurs vannes, depuis le 1er mai. Un bon signe pour les pays exportateurs de pétrole en général et pour l'Algérie qui pourra compter sur des revenus substantiels. La compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, table sur une recette se situant entre 30 et 33 milliards de dollars pour l'année 2021. Soit quelque 10 milliards de dollars de plus que l'an dernier.