L'or noir est à la fête. Les prix du Brent ont hissé les voiles avant l'entame du sommet de l'Opep+ qui s'est tenu hier, franchissant la barre des 70 dollars. Un niveau qu'ils n'ont plus revu depuis le mois de mars. Une hausse qui s'est accélérée. À 13h40 le baril de Brent de la mer du Nord s'échangeait à 71,02 dollars pour afficher un bond de 1,70 dollar par rapport à la séance de lundi. Ce gain remarquable est à imputer en priorité à des échos de coulisses qui assuraient que l'organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 10 alliés devaient, au terme d'une réunion qui s'est tenue hier, maintenir inchangée leur stratégie de production. L'Opep+, qui se réunit mardi (1er juin 2021 Ndlr) en visioconférence, devrait s'en tenir à son plan actuel d'assouplissement progressif des restrictions de l'offre de pétrole, les pays producteurs devant concilier la reprise de la demande et une éventuelle augmentation de l'offre iranienne, ont indiqué trois sources au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole rapportait, sans les citer, l'Agence Reuters. L'organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs partenaires se sont alignés sur les décisions qui ont sanctionné leur 16ème Sommet ministériel qui s'est tenu le 1er avril 2021. L'Opep et ses 10 alliés avaient décidé de mettre 350.000 barils par jour supplémentaires sur le marché, en mai et juin puis 441 000 barils en juillet. Un accord qui devait être reconduit sans surprise. Ce qui a conforté les pronostics des experts. L'Opep+ «s'en tiendra au calendrier prudent convenu en avril», avait estimé Helima Croft, analyste de RBC. Un avis largement partagé par ses pairs. «Le sentiment général sur le marché est que l'Opep+ laissera ses augmentations de production inchangées» lors de sa réunion du 1er juin, avait indiqué l'analyste Jeffrey Halley, de Oanda. Les regards sont désormais focalisés sur le retour probable, mais encore loin d'être acté de la production iranienne. Les Etats-Unis, qui ont mis sous embargo le pétrole iranien, ont indiqué le 23 mai dernier, n'avoir pas encore vu de signes concrets d'une volonté de Téhéran de «faire le nécessaire» pour se conformer à l'accord international sur le nucléaire iranien et permettre ainsi la levée de certaines sanctions américaines. L'Opep, qui s'y prépare, ne s'en inquiète pas outre mesure. «Nous prévoyons que le retour attendu de la production et des exportations iraniennes sur le marché mondial se fera de manière ordonnée et transparente», a déclaré son SG Mohammad Barkindo dans un communiqué. Les experts de l'Opep ont, par ailleurs, confirmé leurs prévisions de hausse de la demande mondiale de pétrole. Le rebond mondial de la demande de brut est désormais attendu à 6 millions de barils par jour cette année, une révision à la hausse de 0,1 mb/j par rapport au mois dernier, a indiqué l'Organisation des pays producteurs de pétrole dans son rapport mensuel du mois d'avril. Des prévisions confortées par l'AIE. Les fondamentaux du marché pétrolier sont désormais «plus solides», avait estimé, le 14 avril dernier, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui a revu à la hausse ses prévisions de la demande pour 2021. «Les fondamentaux semblent décidément plus solides», un an après la chute du marché pétrolier, en raison de la crise sanitaire de la Covid-19, avait souligné le bras armé énergétique des pays de l'Ocde dans son rapport mensuel, tout en annonçant une hausse de 230.000 barils par jour de demande mondiale pour cette année. Ce qui est de bon augure pour la nouvelle problématique qui s'esquisse. «Les producteurs ont désormais la tâche tout aussi délicate de ramener une offre suffisante pour répondre à la hausse rapide de la demande de pétrole.», souligne Louise Dickson, analyste chez Rystad Energy. Ce qui devrait acter le retour en grâce des prix de l'or noir.