On n'est pas encore sorti du cauchemar de la pandémie due au virus de la Covid-19, qu'une autre guerre, plus farouche, donne déjà des sueurs froides aux ménages. De Londres à Beyrouth, en passant par Paris et Bruxelles, le scénario est le même; le coup de panique semble évoluer partout dans le monde à cause du manque d'énergie. D'abord à Beyrouth, capitale du Liban, qui se situe au centre névralgique du Moyen-Orient et pas loin des gisements pétroliers du Monde arabe, qui renferment les plus grandes réserves, l'électricité est coupée en raison de la pénurie de carburant qui serait limitée à trois jours seulement. Le Liban négocie un prêt avec le FMI pour s'acheter du fuel. À Londres, à cause de la difficulté de distribution du carburant dans les stations de pompage, le gouvernement a dû recourir aux forces armées pour réguler l'opération. À Paris, on annonce la hausse des prix de l'électricité et du gaz de manière vertigineuse, au point où certains ménages ont dû recourir aux méthodes archaïques pour se chauffer, à l'approche de l'hiver, ou à baisser la température pour limiter les dépenses de gaz et d'électricité. En France, l'on parle déjà de recourir à l'hydrogène vert, par système d'électrolyse, pour générer de l'énergie électrique. Comme on évoque l'exploitation de l'énergie nucléaire, déjà très répandue mais appelée à être revigorée, avec une enveloppe de 30 milliards d'euros pendant les 5 années à venir, visiblement avec l'accord de l'Union européenne. Il est également question de revenir à l'énergie éolienne et aux anciennes sources d'énergie comme le charbon et le bois. Pendant que d'autres Etats comptent faire un saut vers l'avenir en exploitant l'énergie solaire qui n'est pas coûteuse mais qui serait disponible dans les régions du Sud, où le soleil continue de briller. Les Américains ont choisi l'énergie fossile, en exploitant le gaz et le pétrole de schiste, malgré ses coûts et ses risques pour le relief et la nature. L'Opep est entrée, de son côté, dans une guerre boursière pour maintenir les prix. Pour l'heure, elle a gagné une bataille puisque les prix du brut ont grimpé au-dessus du seuil de 83 dollars, mais on ne sait pas si elle va gagner la guerre de l'énergie à long terme. Du moulin à vent au réacteur nucléaire, tout l'arsenal énergétique est mis en branle pour faire face à cette nouvelle guerre qui nous rappelle la guerre du pétrole de 1973 où l'on a dû reprendre son vélo pour limiter les dépenses d'énergie. En l'espace d'un demi-siècle, le monde n'a pas beaucoup évolué, hormis le taux des naissances qui a monté. Beaucoup de penseurs se sont attelé, depuis une dizaine d'années, à décortiquer la future guerre de l'énergie qui avance à grands pas. En France, les communistes ont lancé un débat sous le thème: «Quelle industrie pour quel service public de l'électricité?» et demandent, tout simplement, le développement du service public, pour contrer le fameux projet Hercule, cher au président Macron. Le débat n'est qu'à son commencement. Il faut rappeler que depuis la séparation prononcée entre Moscou et Kiev, l'Europe s'est retrouvée piégée, en mars 2009, lorsque la Russie a décidé, en représailles, de limiter les exportations de gaz vers l'Europe, via les gazoducs ukrainiens, suite à l'accord conclu entre Kiev et Bruxelles. Seule la Finlande, premier producteur de gaz en Europe, continue d'alimenter l'UE suivant les capacités disponibles, en attendant le gazoduc de l'axe Sud: Nigeria-Niger-Algérie, pour alimenter le sud de l'Europe et qui sera bientôt opérationnel. Dans l'immédiat, la guerre de l'énergie n'est pas encore annoncée. Rappelons, toutefois, que l'Europe utilise 19% du pétrole consommé dans le monde, 16% du gaz naturel, 10% du charbon et 35% de l'uranium. C'est dire combien la dépendance à l'énergie est vitale. L'énergie nucléaire, jugée trop risquée par les écologistes, continuera de susciter les débats.