En 2011, j'ai publié un édito à El Khabar où j'ai qualifié Saddam Hussein de chahid. Quelque temps après je reçois une invitation d'une dame qui occupait le poste d'adjoint du ministre britannique des Affaires étrangères, en poste à Dubai, pour un déjeuner avec deux autres journalistes. Arrivé le premier au rendez-vous, je trouve une dame fort sympathique, la cinquantaine, à attendre ses invités dans un restaurant à Alger-Centre. D'emblée, je lui dis en riant: «Voilà que le Soudan a été divisé en deux; à qui le tour maintenant?». Elle n'a pas réagi à mon observation et on a continué à discuter avec sérénité sur d'autres sujets jusqu'à l'arrivée des deux journalistes et le débat s'est animé en prenant une autre tournure. En effet, le Soudan venait de connaître sa sécession, suite au référendum populaire au Sud Soudan. Et Djouba est devenue la capitale d'un pays qui n'avait pas de structures; ni routes, ni villes proprement dites, ni administrations, enfin rien et l'Algérie est devenue le plus grand pays d'Afrique, suite au partage du Soudan. Quelques jours plus tard, le Printemps arabe éclate en Tunisie et se termine par la fuite du président Ben Ali et l'instauration d'un régime démocratique. Le printemps arabe se répand très vite dans d'autres pays arabes. Et tout le monde retiendra le rôle qu'a joué Bernard-Henri Lévy (BHL) dans ce conflit qui s'est soldé par une guerre civile, toujours en cours à nos jours, l'assassinat de Maammar Gueddafi, dans sa ville natale Sirte, et l'installation du Conseil national de transition dirigé par Abdeldjalil. La «révolution» s'est étendue ensuite en Syrie, où elle court toujours, mais freinée très vite à Bahrein par les Saoudiens... Pour revenir au Sud Soudan, dans la première phase, l'Algérie n'était pas en très bons termes avec Khartoum parce que Omar Hassan el-Béchir était supposé être un soutien des terroristes par Alger. On se souvient, à l'approche de l'Aïd quand l'ambassadeur soudanais avait avancé (dans une déclaration à El Khabar) que le prix du mouton du Soudan était beaucoup moins cher que celui de l'Australie et que son transport pouvait se faire par route, donc pas cher relativement à celui qui vient d'un continent très éloigné. Son appel n'a pas été entendu par Alger qui a, bien évidemment, soutenu le référendum du Sud Soudan. Mais, depuis 2011, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et le Printemps arabe version 2019 a eu le dernier mot, en faisant tomber Omar Hassan el-Béchir et son remplacement par le Comité mixte (civils et militaires). Maintenant que les choses se stabilisent, Mme Haddadi annonce sur son compte Twitter qu'elle vient de remettre ses lettres de créance au président Salva Kir Mayadirt, auquel elle a transmis «les salutations fraternelles du président Abdelmadjid Tebboune». Ainsi, il s'agit du premier diplomate algérien nommé à Djouba, depuis la création de l'Etat du Soudan du Sud, suite au référendum de janvier 2011. Haddadi avait suivi des études à Nice avant de rejoindre le corps diplomatique en occupant le poste d'ambassadrice au Kenya avant d'être désignée à Djouba, tout en cumulant les deux postes dans les deux pays voisins. Le Soudan du Sud n'est pas encore sorti de l'impasse. En devenant le 64e Etat africain, ce pays est très convoité par les sionistes où ils sont entrés avec fracas, au grand dam des pays arabes. Jusqu'à aujourd'hui, à la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, où se trouvent les nappes de pétrole, cet espace est occupé par des tribus nomades depuis le XIe siècle, ce qui rend son exploitation difficile. Ajouté à cela l'absence de règlement entre les deux pays sur le sujet. La présence algérienne dans ce nouveau pays permettra aux deux pays d'établir de bonnes nouvelles relations, pour ne pas laisser le terrain libre aux parties hostiles, comme cela s'est produit récemment avec l'Union africaine quand Israël a obtenu la qualité d'observateur dans une partie du monde qui ne la concerne pas. N'était-ce l'intervention de l'Algérie, cette entité serait devenue partie prenante dans les grandes décisions de l'UA.