A l'issue d'une visite qui l'a mené dans la wilaya de Tamanrasset, dans le Grand Sud algérien, le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Yacine Hammadi vient d'installer une commission mixte, conjointement avec le ministère du Commerce. L'objet de cette nouvelle commission étant la révision des prix des services hôteliers, jusque-là pratiqués dans la plupart des établissements hôteliers à l'échelle nationale. L'idée du ministère du Tourisme est d'arriver à un plafonnement des prix des prestations hôtelières, afin de les rendre accessibles à une large couche d'Algériens. C'est ainsi que le ministère du Tourisme motive l'installation de cette commission mixte, sur sa page Facebook, expliquant que ces dernières années les prix ont connu des augmentations significatives, comparativement aux deux voisins maghrébins, et même des pays européens. En effet, force est de constater ces dernières années une envolée des redevances des prestations hôtelières, les prix ayant frôlé des seuils intolérables. Est-ce à dire qu'une telle décision est à même de relancer le tourisme domestique? Ou de créer le déclic tant attendu, en matière de tourisme local? Est-ce que cela constituera la stratégie de sortie de crise d'un secteur qui a, en plus de la décadence traditionnelle, été lourdement impacté par la crise sanitaire de la Covid-19? Autant d'interrogations qui trahissent les intentions et les visées du nouveau ministre du secteur. Bien qu'aucune feuille de route ne soit affichée pour ce secteur générateur de ressources insoupçonnables et de potentialités en plus-values énormes, il ressort que la nouvelle stratégie semble reposer, exclusivement, sur le renforcement ou la relance du tourisme local. Il est vrai qu'une telle option est à même de produire des effets bénéfiques pour le tourisme à l'intérieur du pays. Cette tendance semble s'éterniser à la faveur des répercussions de la crise pandémique, qui a impacté le tourisme à l'échelle planétaire. Mais le secteur peut-il se développer et retrouver ses marques en autarcie? Rien n'est moins sûr. Car, le tourisme étranger est générateur de ressources inégalées, en devises, en perspectives de partenariats et d'IDE, de formations et de savoir, de projections futures, etc... Les exemples positifs ne manquent pas sur les effets ou l'apport du tourisme étranger sur les pays émergents ou en voie de développement. La crise sanitaire mondiale a, d'ailleurs, mis à nu les fragiles équilibres au sein même des grandes nations de l'Occident, qui ont été éprouvées par l'absence de touristes étrangers. L'Algérie qui dispose de potentialités touristiques naturelles, et d'énormes potentialités en matière d'infrastructures, gagnerait à ouvrir grandes ses portes au tourisme mondial où la compétitivité est rude. À ce propos, le ministre vient d'annoncer la prochaine réactivation du fameux Conseil national du tourisme CNT, qui aura à débattre des problématiques du secteur. Pour les spécialistes, par contre, le secteur mérite d'invoquer carrément ses états généraux, seuls à même de rendre le verdict final du tourisme en Algérie. Pourtant, tout semble être en place, à commencer par les infrastructures, les investissements consentis ces dernières années et ceux projetés, les personnels formés, la qualité des prestations, les destinations idylliques dont regorgent moult régions du pays, etc... S'il est vrai que des contraintes objectives subsistent, concernant, à titre d'exemples, les prix des transports Air Algérie, l'inconsistance du réseau des vols domestiques, la cherté des prestations au niveau des ambassades, l'absence ou l'inconsistance des stratégies de promotion de la destination Algérie, la mauvaise qualité des prestations à l'accueil des touristes dans les aéroports et les gares maritimes, cela traduit l'absence d'une volonté politique réelle de franchir le pas, comme l'ont fait la Turquie, la Tunisie et d'autres pays encore. L'introduction des investissements directs étrangers pourrait s'avérer être un catalyseur, sur plus d'un plan. Aussi, ^pour la plupart des villes du pays, à commencer par la capitale, la vie nocturne ne fait pas partie de la culture locale. Les années du terrorisme ayant lourdement affecté ce volet, en plus. Aussi, l'écoute des artisans, opérateurs économiques et investisseurs touristiques devrait déblayer le terrain quant aux solutions à préconiser pour le secteur. Il suffira d'une action, d'une initiative, d'une opération somme toute anodine, pour que le déclic se produise. L'accueil du Globe trotter qatari, qui a fait l'objet d'une prise en charge par l'Onat, pourrait donner ses fruits dans les mois à venir. Investir dans les stars system pourrait s'avérer également une option payante pour la suite des événements. Pour un pays continent disposant de potentialités énormes et diverses, favorisant tout type de tourisme, qui font baver les grandes nations, il est aberrant de voir que le secteur reste réellement sous-exploité. Autant le littoral, avec sa diversité biologique que les Hauts- Plateaux et le grand Sahara avec leurs ancrages culturels, artistiques et civilisationnels, concourent à l'émergence de l'insoupçonnée destination Algérie.