Le président de la République veut éloigner les organisations syndicales de la sphère des influences politiciennes et idéologiques. La question mérite d'être abordée avec clarté et en toute lucidité, faut-il insister. Où s'arrête le syndicalisme et où commence le politique? L'interrogation mérite d'être posée, car il faut éclaircir le rapport du syndicalisme avec le politique, et surtout avec le partisan. On serait tenté de dire que le syndicalisme, en lui-même, est avant tout un acte politique. Seulement, quand le rapport de ce dernier tend vers des liens organiques avérés, avec des partis politiques, la question mérite d'être soulevée et traitée de manière claire et tranchée. C'est, en tous cas, ce qui semble motiver la décision du président Tebboune de remettre sur le tapis la question du syndicalisme en Algérie. Ainsi, on notera qu'à l'issue du Conseil des ministres qui s'est tenu, dimanche dernier, le président a ordonné au gouvernement de préparer un projet de loi-cadre relatif à l'exercice syndical, note le communiqué dudit Conseil des ministres, qui précise que ledit projet, devra «régir les droits et les obligations et défendra les intérêts des fonctionnaires et des travailleurs, loin des tractations partisanes et politiciennes». C'est, en somme, les raisons ayant motivé la décision du président de la République de réclamer une révision du Code du travail actuel. La problématique est donc claire et ne mérite pas davantage de précisions, quant au souci des hautes autorités politiques du pays, de voir l'émergence de nouveaux conflits et tensions sociales aux relents politiciens et partisans occultes. En fait, une loi qui pourrait prémunir le pays contre des guerres politico-idéologiques par procuration, par syndicats interposés, dont le background réel serait des visées chaotiques et déstabilisatrices sur le plan politico-social. Seulement, d'aucuns s'interrogent sur les aspects que pourraient recéler ces amendements et s'ils ne porteraient pas atteinte aux libertés syndicales et au droit inaliénable de la grève? Pour l'expert, consultant en droit du travail et en ressources humaines, General Manager du cabinet-conseil Hrcc, Si Ali Hebib, «il ne faut pas perdre de vue que l'exercice syndical est un droit constitutionnel. Il est soumis à des règles strictes et à une convention internationale. L'Algérie a ratifié la convention de l'Organisation internationale du travail, OIT, ce qui induit que la marge de manoeuvre reste très limitée dans ce cas de figure», notera-t-il à ce propos, estimant qu' «il n'est pas sage d'aborder, aujourd'hui, cette question sans plus de détails et d'informations à ce propos». Il y a lieu de préciser que, de par le monde, les syndicats ont, de tout temps, entretenu des relations ombilicales avec les partis politiques. Toutefois, le seuil tolérable des interférences politiciennes a toujours été respecté, de part et d'autre. L'Algérie, qui traverse une conjoncture géopolitique et économique spécifique, voire dangereuse, est considérée comme faisant face à des risques majeurs d'escalades militaro-stratégiques dans toute la région. Les risques d'embrasement, émanant de parties occultes ou identifiées, restent de mise, réclamant davantage de veille et de mesures d'anticipation de la part de l'Etat, qui est dans son rôle de régulateur de la vie publique.