Ça chauffe! Le front social est en ébullition. Après presque deux ans d'accalmie, les grèves marquent leur grand retour. C'est le secteur de l'Education nationale qui va, ce matin, ouvrir le bal. Les enseignants des trois cycles confondus vont entamer un débrayage de deux jours. «Elle sera cyclique, renouvelable chaque semaine», prévient le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation, (Cnapeste), instigateur de ce mouvement de protestation. D'autres syndicats autonomes de l'Education nationale devraient prendre part à ce mouvement de protestation, à l'image du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). Les raisons de la colère du corps de l'éducation sont principalement sociales. Ils s'insurgent contre la baisse significative de leur pouvoir d'achat et appellent les autorités à une augmentation de leurs salaires. «Il est impératif d'améliorer notre pouvoir d'achat, qui connaît une baisse dangereuse et sans précédent», soutient Messaoud Boudiba. porte-parole du Cnapeste. «Cela nécessite d'augmenter nos salaires afin de placer les enseignants dans des conditions économiques et sociales décentes leur permettant d'accomplir comme il se doit leur noble mission», ajoute-t-il. Les protestataires réclament également la prise en charge urgente de leurs problèmes de logements. «Nos dossiers doivent être prioritaires car il s'agit d'un moyen fondamental pour assurer la bonne exécution de nos travaux», atteste-t-il. Les syndicats de l'éducation portent également des revendications liées aux dossiers de départ à la retraite, mais aussi du lourd dossier des oeuvres sociales. Il y a, également, des demandes relatives au renforcement et la protection des libertés syndicales ainsi que le problème du volume des horaires. Le Cnapeste réclame, des pouvoirs publics, l'ouverture de nouveaux postes budgétaires au profit des diplômés et l'accélération du processus de promotion dans le secteur. Au total, une plate-forme de 12 revendications, principalement socio-économiques, a été soumise à la tutelle. «On n'arrêtera pas notre grève cyclique jusqu'à ce que nos 12 revendications soient satisfaites», préviennent ces syndicats qui semblent confortés dans leurs positions par la «protesta» du personnel médical. En effet, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp) a décidé, lui aussi, d'entrer en grève à partir de demain mercredi. «Le service minimum sera bien évidemment assuré», rassure, dans un communiqué, le syndicat dirigé par le docteur Lyès Merabet. «Un sit-in est prévu, à 10 h, au niveau des tous les établissements sanitaires du pays», ajoute-t-il. Le Snpsp soutient qu'il s'était jusque-là refusé de reprendre le chemin de la grève, vu la situation exceptionnelle que traverse le pays. «Toutefois, au vu de la baisse vertigineuse de notre pouvoir d'achat nous avons décidé de durcir le ton», a précisé la même source. Les praticiens de la santé publique réclament aussi une amélioration de leurs conditions de travail et le versement de la prime Covid-19 qui est bloquée depuis le mois de mars dernier. Aussi, ils appellent à mettre en oeuvre les autres mesures incitatives décidées par le président de la République, telles que le versement de l'aide financière prescrite à chaque famille ayant perdu un professionnel de la santé en raison du virus de la Covid-19 ou encore une couverture médicale de 100%. Les grèves font donc leur grande «rentrée», à partir d'aujour-d'hui. L'éducation et la santé risquent d'être fortement paralysées, dans les prochains jours, quand on connaît la capacité de mobilisation des syndicats qui ont appelé à la grève. Une situation des plus délicates pour des secteurs sensibles, déjà très fragilisés par la pandémie de la Covid-19. La vie et l'avenir de milliers de personnes sont en péril. Le ministre de l'Education nationale et son homologue de la Santé sont appelés à désamorcer au plus vite ces deux bombes, surtout qu'elles arrivent à un moment de grand bouillonnement social. Gare à l'explosion...