La B.M. annonce un regain d'intérêt pour l'Algérie, un pays qu'elle a quelque peu négligé pendant un peu trop longtemps. Les participants à la conférence ayant pour thème «Comment travailler avec la Banque mondiale?» qui s'est déroulée hier à l'hôtel Sofitel, n'ont pas manqué de tirer à boulets rouges sur les pratiques de la Banque mondiale, à laquelle ils reprochent d'être encore plus bureaucratisée que nos banques publiques. Sachant que cette vénérable institution, issue des accords de Bretton Wood de 1946 au même titre que le FMI (on les appelle les deux soeurs), est censée être le chantre et le temple de l'entreprise privée et de la liberté d'entreprendre, il lui est fait grief de ne pas appliquer les valeurs et les principes qu'elle défend dans le traitement des dossiers qui lui sont soumis. C'est, en tout cas, ce qui ressort des débats qui ont suivi les communications faites par les représentants de la B.M. Ainsi M.Seraï, un expert qui a eu à suivre plusieurs dossiers avec la Banque mondiale, n'y est pas allé par quatre chemins pour mettre la BM au pilori. «La B.M. est bureaucratisée. Les projets mettent beaucoup trop de temps pour aboutir, et quand on arrive enfin au bout de nos peines, on s'aperçoit que le projet est soit dépassé, soit que les coûts de réalisation ont augmenté.» Et la question que posent la plupart des intervenants est la suivante: «Comment alléger les procédures de la Banque mondiale?» Pour sa part, L.Goumiri informe l'assistance qu'il avait été chargé d'engager, en 1990, des discussions avec la Banque mondiale en vue de la création en partenariat d'une banque mixte, mais que ce projet n'a jamais vu le jour du fait des lenteurs de l'institution financière mondiale. «On ne nous l'a pas dit, mais l'Algérie était mise sous embargo durant de nombreuses années.» Et M.Goumiri de rapporter le propos qu'on lui avait tenu un jour: «L'Algérie est non éligible.» D'autres reprochent à la B.M. de ne pas assez favoriser le dialogue participatif avec la société civile, et d'entretenir le tête-à-tête avec l'administration. Cette conférence, qui a été présidée par Christian Delvoie, directeur du département Maghreb à la Banque mondiale, et M.Benkhalfa, secrétaire général de l'Abef, a, cependant, permis de briser la glace entre le groupe mondial (SFI, Miga) et les Algériens. Les représentants des institutions internationales ont affirmé que les mesures prises par l'Algérie dans le domaine des réformes économiques lèvent les obstacles qui bloquaient le partenariat de l'Algérie dans ses relations financières internationales. Des ateliers ont été ouverts au cours de l'après-midi autour de trois thèmes principaux: 1) Les grandes évolutions de la B.M., 2) Le dialogue actuel entre l'Algérie et la Banque mondiale, 3) L'appui de la Banque mondiale au secteur privé algérien. Cela dit, aussi bien les représentants de la B.M. que les opérateurs algériens ont reconnu que les relations de l'Algérie avec la BM sont entrées dans une nouvelle phase, non seulement parce que la B.M. prend désormais en considération les facteurs humains, sociaux, de développement durable, mais aussi que l'Algérie elle-même a opéré les mutations structurelles nécessaires. Pour M.Benkhalfa, il faut cesser de parler de macroéconomie et commencer à parler de l'entreprise, et constituer avec la B.M. le ferment de l'entreprise privée en lui permettant de reprendre sa place. Pour sa part, la représentante de la Banque mondiale avoue que les programmes d'ajustement structurel initiés par le FMI ont échoué dans la plupart des pays, parce qu'ils n'étaient pas accompagnés d'une amélioration nette au niveau institutionnel. Enfin, tous les intervenants ont indiqué qu'il y a aussi à prendre en compte le niveau d'appropriation par la société civile, car on ne peut pas faire les réformes uniquement au niveau des administrations. C'est une approche participative, qui met en relation les acteurs sociaux et le gouvernement. La Banque mondiale n'étant qu'un acteur comme les autres. Enfin, les représentants de la banque ont tenu à informer qu'il y aura du nouveau dans les relations entre la B.M. et l'Algérie au cours de l'année 2002 notamment à partir du mois de septembre.