Tout Etat veille à protéger ses intérêts, ses citoyens, là où ils se trouvent et sa sécurité mais aussi son image. C'est dans cette optique que le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune a présidé, hier, la Conférence des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes au Palais des Nations au Club des Pins. Une rencontre d'une importance stratégique, notamment en cette période de grands défis et de menaces directes visant à affaiblir l'Algérie. Le président Tebboune a ainsi réuni les membres des missions diplomatiques et consulaires, les exhortant à préserver les intérêts supérieurs du pays et à protéger sa Sécurité nationale et sa souveraineté. «Les défis qui se posent à nous sont plus graves dans le contexte des crises multidimensionnelles que connaît notre région et des foyers de tension dans plusieurs Etats voisins, notamment au Sahara occidental avec la reprise des hostilités militaires armées entre le Front Polisario et les forces d'occupation marocaines», a soutenu le chef de l'Etat. Sur la crise avec le Maroc, exacerbée par l'affaire de l'assassinat lâche de trois Algériens par l'armée royale le 1er novembre, le président ne dira pas un mot mais il ne manquera pas de rappeler aux représentants de l'Algérie à l'extérieur, leur rôle primordial de «riposter avec vigueur aux manoeuvres hostiles visant notre Sécurité nationale». Et il ne s'agit pas seulement du voisin belliqueux de l'Ouest mais du fait que la stabilité dans toute la région sahélo-saharienne est fragilisée par, notamment les tiraillements en Libye et la prolifération de la menace terroriste et du crime organisé au Sahel. En évoquant les menaces directes dont fait l'objet Alger et en exigeant la riposte par la voie diplomatique, Abdelmadjid Tebboune cherche à booster les diplomates, afin qu'ils assument pleinement le rôle qui leur est dévolu. Il ne s'agira plus seulement de faire un travail administratif, mais de faire dans l'anticipation sur tous les plans. Politiquement, les ambassadeurs doivent défendre les positions algériennes et l'expliquer tout en cherchant à bien comprendre aussi celle de l'autre partie. C'est à l'ambassadeur de déterminer ce qui est le plus important pour son pays et pour le pays hôte, afin d'équilibrer les concessions et de dépasser les contradictions. Il doit protéger ses concitoyens et soutenir aussi les intérêts commerciaux, économiques et financiers de l'Algérie à l'extérieur, tout en lançant une offensive économique. Les membres des missions diplomatiques devront aussi faire dans l'anticipation et la prospective. Ils devront ne manquer de représenter le pays dans aucune grande rencontre internationale ou bilatérale. La promotion des intérêts culturels, scientifiques, techniques parmi lesquels, au premier chef, la langue et la culture doivent être un moyen d'encourager les relations bilatérales, amicales, politiques. Il s'agit là du nouveau paradigme de la diplomatie algérienne, de ses priorités et les objectifs qu'il est attendu des diplomates algériens d'atteindre. Il y a lieu de rappeler que la diplomatie algérienne connaît une dynamique sans précédent, ces derniers mois où il a été procédé à la nomination de près de 80 chefs de missions diplomatiques et consulaires à l'étranger, en plus de la création de sept postes d'envoyés spéciaux chargés de l'activité internationale de l'Algérie. Une mutation qui est bien évidemment dictée par les défis et enjeux géopolitiques dans la région, ainsi que dans l'environnement international. Le président Tebboune qui a placé Ramtane Lamamra, un chevronné, aux commandes, ne compte plus faire dans le tâtonnement. L'heure est à l'offensive. L'action diplomatique devra être, aujourd'hui, en mesure de contenir les menaces et de contrer, tel un rempart, les plans ourdis contre l'Algérie.