«L'octroi d'une quelconque offre se fait conformément à une étude réalisée par la direction du marketing. Cette dernière avait affirmé que le dossier du groupe a été traité de la même façon que ceux des autres représentants à l'image de Huawei, LG et Samsung. Le montant du marché et la durée accordée aux opérateurs avaient été pris en considération pour l'octroi du marché, et par conséquent aucun avantage n'a été octroyé à Condor» C'est ce qu'a répondu au juge, Abdelhadi Mati, directeur des relations administratives, poursuivi pour dilapidation de deniers publics et abus de fonction, dans l'affaire du Groupe Condor, dont le procès s'est poursuivi mardi après-midi, mettant en avant le marché conclu par le Groupe avec l'opérateur public de téléphonie mobile Mobilis, ainsi que le dossier de la société Altrapco, chargée de la réalisation d'une gare routière dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Au cours de cette séance d'audition des accusés, Mohamed Habib, qui assurait l'intérim de Mobilis après le départ de l'ancien directeur général Saâd Dama, a précisé que «l'ancien SG du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, feu Fouad Belkacem, n'a exercé aucune pression pour le choix des tablettes produites par Condor». Moins à l'aise pour répondre sur le sort des factures impayées par l'opérateur, à hauteur de plus de 120 milliards de centimes, il a précisé qu'«elles allaient être payées même sans l'appel qu'il a reçu de feu Fouad Belkacem car Mobilis était obligé de régler ces factures en prévision de la conclusion d'un nouveau marché pour l'acquisition de téléphones et de tablettes électroniques de 4G, une technologie entrée en service en 2016». Par ailleurs, l'autre partie, plus grand lot des auditions, qui n'a pas manqué de défrayer la chronique, est constitué par les coaccusés dans le dossier de l'entreprise Altrapco.Elle avait été chargée en 2011 de réaliser une gare routière dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj pour livraison dans un délai de 18 mois. Une réalisation qu' n'a vu le jour qu'hors délai et qui a suscité moult interrogations, pour lesquelles le gérant d'Altrapco, Smaïl Benhamadi, a précisé que «le retard de livraison de la gare était dû à l'absence d'un bureau d'études pour la réalisation des maquettes du projet, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le projet a été gelé pendant quatre ans. La gare a été livrée en 2018 et inaugurée une année après par le ministre des Transports et des Travaux publics de l'époque, Abdelghani Zaâlane». Cela étant, un aspect sombre de cette affaire, en l'occurrence la prorogation du contrat avec l'entreprise malgré le dépassement des délais de livraison, est resté sans arguments, ou du moins a engendré l'audition de cinq directeurs des transports dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj durant la période de réalisation de la gare (2011-2019), qui ont donné pour toute explication qu' «ils étaient habilités par la loi à prendre une telle mesure». Cependant il y a lieu de rappeler que le procès du groupe Condor qui vient de s'ouvrir au tribunal de Sidi M'hamed, implique les propriétaires du groupe et les coaccusés (40 accusés dans cette affaire) sont poursuivis entre autres pour «blanchiment d'argent et dilapidation de deniers publics, incitation d'agents publics à exploiter leur influence pour l'obtention d'indus avantages, et financement occulte de partis politiques».En plus des frères Benhamadi, sont poursuivis dans cette affaire, des cadres des secteurs de la santé, des transports, de la poste, des télécommunications et de la Banque extérieure d'Algérie (BEA).