«L'Algérie a fait un bond extraordinaire en termes de prise en charge du cancer, mais il n'y a pas encore de maturation de cette politique.». Ce constat a été établi par le professeur Mourad Abid, président de la Société algérienne de chirurgie digestive et hépatobiliaire (Aacdbh) le 27 octobre 2021, lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale d'expression française. Près d'un mois plus tard, le 23 novembre, le ministère de l'Industrie pharmaceutique annonce que le groupe pharmaceutique public Saidal entamera la production d'anticancéreux en full- process à l'horizon 2023 en partenariat avec le laboratoire coréen CKD Otto. Une information qui fait écho à la déclaration de l'invité de la rédaction de la Chaîne 3, mais qui ne doit pas occulter tout le chemin qui reste à parcourir pour répondre efficacement à la prise en charge des malades atteints de différents types de cancer, confrontés à de véritables chemins de croix.,celui de la disponibilité des centres anticancer et des accélérateurs pour la radiothérapie, inégalement répartis à travers les différentes wilayas du pays est flagrante. À titre d'exemple, Alger ne compte que trois accélérateurs pour une population de plus de 3 millions d'habitants, alors qu'une wilaya comme Béchar, qui compte 600 000 personnes, dispose également de trois accélérateurs. Or, l'OMS préconise un accélérateur pour 500 000 habitants souligne le professeur Abid, ce qui n'empêche d'apprécier à sa juste valeur ce saut «technologique» à portée de main des spécialistes de Saidal. «Avec une intégration progressive, le partenariat algéro-coréen débutera par une première étape de conditionnement secondaire, avant de s'étendre au full-process et à la production de matière première à l'horizon 2023», indique le département de Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed. Quel rang tiendra le groupe Saidal dans cette entreprise? Cela permettra à Saidal de jouer un rôle pour la couverture des besoins en produits d'oncologie qui connaissent régulièrement des perturbations en matière de disponibilité, assure le ministère de l'Industrie pharmaceutique. Il faut rappeler que le premier responsable du secteur avait donné des instructions «urgentes», lors d'une réunion qui s'est tenue le 21 septembre dernier, pour régler le problème de pénurie des médicaments destinés au traitement du cancer et des maladies du sang. Elles consistaient à répondre aux préoccupations des experts et à assurer une coordination immédiate entre le groupe de la commission des experts cliniciens spécialistes en oncologie, en hématologie et en pédiatrie et la direction de la veille stratégique du ministère sur la liste des médicaments utilisés dans le traitement de ces maladies. La réunion de travail présidée le 23 novembre par le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed, regroupant une délégation du groupe pharmaceutique coréen CKD OTTO conduite par son président directeur, In Hyun Baik, ainsi que la PDG de Saidal, Fatoum Kacem et des cadres du groupe public, s'est tenue dans ce sillage. Il faut rappeler que le groupe Saidal et le sud-coréen CKD Otto avaient signé en décembre 2020 un mémorandum d'entente pour la production des produits d'oncologie. Ce partenariat permettra à Saidal de «concourir à la souveraineté sanitaire et de constituer un levier de croissance économique pour le pays... Ce projet introduira pour la première fois la production de matière première en Algérie», relève le département de Lotfi Benbahmed.