Le pass sanitaire bientôt généralisé en Algérie. Une mesure qui se précise de jour en jour. Après l'annonce du gouvernement de son élargissement pour les activités culturelles, les spécialistes ont appelé à le rendre obligatoire pour tous les lieux publics à forte concentration humaine. Hier, c'est le directeur de l'institut Pasteur Algérie (IPA), le professeur Fawzi Derrar, d'appuyer cette «requête». «Le passeport sanitaire pour l'accès à certains secteurs, institutions et commerce, s'impose de fait, au vu de la situation épidémiologique actuelle et le faible taux de vaccination», a-t-il lâché, hier, sur les ondes de la Radio nationale, chaîne 3, où il était L'invité de la rédaction. «Les études scientifiques ont démontré que les risques de contamination sont plus élevés dans les lieux publics clos», a souligné cet expert. Il n'y a donc pas mille solutions pour éviter de faire de ces lieux publics des «clusters» de contamination: soit les fermer ou restreindre leur accès aux personnes vaccinées. Du fait que les vaccins soient disponibles dans le pays en grandes quantités, il est donc logique d'y imposer le pass sanitaire. D'ailleurs, le directeur de l'IPA soutient que la vaccination est la seule solution pour éviter que la 4e vague ne devienne un grand désastre sanitaire. «Nous devons impérativement augmenter le taux de vaccination dans le pays, pour faire face à cette nouvelle vague», a-t-il insisté. Le professeur Derrar rappelle que le rebond épidémique intervient dans un moment de grand relâchement des mesures barrières coïncidant avec la saison hivernale, où les rassemblements dans les lieux fermés sont nombreux. «Ce qui offre une atmosphère propice à la propagation de la pandémie», souligne-t-il. Pour lui donc, le pass sanitaire va, non seulement permettre de couper les chaînes de transmission, mais aussi pousser les citoyens à se faire vacciner. Le même responsable a plaidé pour rendre la vaccination obligatoire pour le personnel hospitalier. «Il est devenu de plus en plus nécessaire, d'imposer la vaccination aux travailleurs du secteur de la santé», a-t-il soutenu. Il faut dire que, même le personnel soignant se montre très réticent pour la vaccination. Le mois de novembre dernier, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, révélait que «moins de 20% des personnels du secteur de la santé sont vaccinés». Une bien mauvaise nouvelle au moment où le pays est en train de faire face à un «tsunami» qui s'annonce plus dévastateur que les trois premiers. Surtout que l'Algérie doit aussi faire face à l'arrivée de nouveaux variants, à l'image de l'Omicron, qui risque de compliquer encore plus la situation. Cela même si le premier responsable de l'institut Pasteur d'Algérie estime qu'il est encore trop- tôt pour s'inquiéter par rapport à ce nouveau «mutant». «Il n'y a pour le moment aucun cas du variant Omicron détecté en Algérie. Même les données sur la dangerosité de ce «mutant» ne sont pas encore claires», a-t-il fait savoir. «Dans les pays déjà touchés, le pic de l'épidémie de ce variant ne sera atteint qu'à la fin du mois de mars, début février. Ce n'est donc pas notre priorité pour le moment», a-t-il ajouté. Pour le professeur Derrar, la grande menace à laquelle fait face l'Algérie, demeure le «Delta», qui représente plus de 90% des contaminations. Cela ne veut pas dire que l'Omicron n'est pas pris au sérieux. «Nous devons renforcer les contrôles aux frontières pour éviter que ce variant ne soit importé», a-t-il précisé, assurant que la «guerre» doit se poursuivre, en respectant les gestes barrières et, en se rendant en masse, aux centres de vaccination. «Les personnes vaccinées depuis plus de 6 mois doivent également faire la 3e dose pour une immunité optimale», a-t-il rétorqué, assurant qu'il est préférable que cette 3e dose se face d'un vaccin différent des deux premiers. «Ne croyez pas aux rumeurs qui circulent autour des vaccins. Il y a assez de reculs sur la question. Il est prouvé scientifiquement qu'ils ne provoquent aucune acuité», a conclu ce scientifique, avec ce qui sonne comme un appel à la raison...