L'Algérie qui est frappée de plein fouet par la corruption et le détournement de l'argent public, se retrouve tout à fait naturellement en première ligne pour lutter contre ces fléaux qui ont gangréné les institutions de la République et vider les caisses du Tésor public. Des ex-Premiers ministres, des ministres, des élus, des chefs d'entreprise, de hauts fonctionnaires ont détourné des sommes colossales... Certains croupissent en prison alors que d'autres prédateurs ont pris la fuite après avoir transféré leur «butin» sur des comptes à l'étranger, estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Des détournements estimés, selon l'Association algérienne de lutte contre la corruption, à 60 milliards de dollars entre 2015 et 2019, selon Abdelhak Lamiri, docteur en économie. Ali Benouari, ancien ministre algérien du Trésor, avait affirmé quant à lui que «les estimations des fonds placés à l'étranger, liés à la corruption et à la surfacturation, dépasseraient les 100 milliards de dollars depuis le début des années 2000, tandis que les fortunes algériennes établies à l'étranger seraient de près de 200 milliards de dollars». La problématique de la récupération de ces fonds détournés fait débat. Elle s'est imposée lors de la 37e session du Conseil des ministres arabes de la Justice, qui s'est tenue lundi au Caire. L'Algérie a proposé au Conseil «l'élaboration d'un protocole arabe de coopération afin de récupérer les fonds détournés à l'étranger, qui viendra compléter la Convention arabe contre la corruption» a déclaré le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, qui a présidé ce rendez-vous. La lutte contre la corruption et la récupération de l'argent qu'elle génère est «l'obsession de tous les pays arabes et nécessite une unification des efforts», a souligné le successeur de Belkacem Zeghmati saluant au passage «les résultats des rencontres internationales et des séminaires scientifiques régionaux organisés cette année dans ce cadre». L'Algérie en a fait une fixation, son cheval de bataille. L'Etat algérien oeuvre à récupérer ses fonds pillés conformément à «une démarche globale approuvée par le président de la République, laquelle nécessite l'intensification de la coopération internationale et arabe», a-t-il ajouté. Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, avait réaffirmé le 16 septembre 2021 la volonté de l'Etat et sa détermination à récupérer l'argent pillé et détourné vers l'étranger et ce, à travers l'activation d'une série de mécanismes juridiques dans le cadre des conventions internationales. «La récupération des fonds pillés est un devoir et un engagement que j'ai pris devant le peuple algérien», avait déclaré le président de la République Abdelmadjid Tebboune.