Les dirigeants des pays ouest-africains étaient réunis en sommet, hier, à Abuja où ils devaient examiner, entre autres sujets, la situation au Mali après avoir reçu l'engagement écrit du président malien de leur fournir un calendrier électoral avant le 31 janvier. Les dirigeants des pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) doivent décider de la suite à donner au non-respect par les autorités maliennes, dominées par les militaires, de leur engagement initial à organiser fin février 2022 des élections en vue d'un retour des civils au pouvoir. Ils se pencheront aussi sur la Guinée, théâtre d'un putsch en septembre, a indiqué le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, à l'ouverture du sommet. Ils ont également discuté de la pandémie de Covid-19, du manque de vaccins, de l'apparition du variant Omicron et de «l'interdiction de voyage injustifiée imposée à certains pays africains», a-t-il ajouté. Après deux coups d'Etat en août 2020 et mai 2021, la Cédéao a suspendu le Mali de ses organes et, lors de son dernier sommet, elle a infligé des sanctions individuelles aux officiels jugés responsables du retard à tenir des élections. Elle a aussi menacé de sanctions supplémentaires, une perspective qui inquiète Bamako. Avant le sommet, le président de transition malien, le colonel Assimi Goïta, a écrit au président en exercice de la Cédéao, le chef d'Etat ghanéen Nana Akufo-Addo. «La République du Mali, par ma voix, s'engage à vous fournir au plus tard le 31 janvier 2022 un chronogramme (calendrier) détaillé qui pourrait être discuté durant une mission de la Cédéao», écrit-il dans ce courrier de deux pages révélé par les médias. Le colonel Goïta, homme fort du Mali depuis le putsch qui a renversé le président civil Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2020, y justifie le report des élections. Il invoque la tenue de consultations nationales (Assises de la refondation) qui se sont ouvertes samedi dans les communes et qui doivent accoucher de recommandations en vue de réformes. Ces Assises sont boycottées par quelques organisations maliennes. Mais elles formuleront «des recommandations qui permettront de dégager un calendrier électoral» et sont «indispensables au retour de la paix et de la stabilité dans notre pays», selon le colonel Goïta. «Le retour à l'ordre constitutionnel est et demeurera ma priorité absolue», assure-t-il à l'adresse des dirigeants des pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) Les autorités maliennes ont lancé samedi des Assises nationales de la refondation, un moment crucial de la transition ouverte après le putsch de 2020. Elles se sont ouvertes pour deux jours au niveau local en dehors de Bamako, ont indiqué des officiels. Les Assises des différentes communes de Bamako sont programmées pour deux jours à partir du 22 décembre. Le processus sera parachevé du 27 au 30 décembre par des Assises nationales. Ces consultations seront à la base de réformes destinées à remédier aux maux du pays pris dans la tourmente sécuritaire. Le Mali a été le théâtre de deux coups d'Etat militaires en moins d'un an, en août 2020 et mai 2021. Le gouvernement invoque l'insécurité persistante dans ce pays pauvre et enclavé, livré depuis 2012 aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, et aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d'autodéfense et des bandits. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, insistait sur la tenue des Assises préalablement aux élections pour «ne pas rééditer les erreurs du passé et tenir des élections ne prêtant pas à la contestation.» Le Mali a déjà connu de telles consultations nationales par le passé. D'autres acteurs importants, au sein d'un Cadre stratégique permanent (CSP), ont eux aussi prévenu vendredi que les conclusions des Assises ne les engageraient «nullement». Le Cadre réunit des groupes armés signataires en 2015 de l'accord d'Alger, considéré comme crucial pour stabiliser le pays. Une association de soutien à l'imam Mahmoud Dicko, figure tutélaire des protestations qui s'étaient achevées avec le putsch de 2020, a aussi appelé au boycott. Le CSP et l'association disent avoir été écartés de la concertation. L'accord d'Alger a été relégué «au dernier plan», affirme le CSP. Les autorités s'adonnent de plus en plus au «clanisme», affirme l'association de soutien à l'imam Dicko.