Pressés par la communauté internationale à achever la transition dans les délais impartis (premier semestre 2022), les militaires au pouvoir multiplient les manœuvres, mais aussi les exclusions, dans le seul objectif de rester aux commandes à Bamako. Les groupes signataires de l'Accord d'Alger et les partisans de l'influent imam Mahmoud Dicko ont annoncé, vendredi soir, qu'ils n'assisteront pas, eux aussi, aux Assises nationales de refondation (ANR) du Mali, qui ont débuté hier à Bamako, à l'initiative des militaires au pouvoir. Ces deux importants acteurs politiques au Mali dénoncent le fait qu'ils n'aient pas été associés aux préparatifs de cet événement qui devrait être un nouveau point de départ pour ce pays du Sahel, en proie à une instabilité politique chronique, aggravée par la crise sécuritaire et terroriste. Réunis autour de ce qu'ils appellent le Cadre stratégique permanent (CSP), les anciens groupes rebelles du Nord-Mali affirment qu'"après plusieurs tentatives d'aboutir à un consensus politique avec les autorités de transition autour du processus d'organisation d'Assises nationales consacrées à la refondation du Mali, informent l'opinion nationale et internationale que l'approche d'organisation mise en place de façon unilatérale par le gouvernement a exclu les mouvements signataires" de l'accord de paix et de réconciliation, issus du processus d'Alger, dont la poursuite de la mise en œuvre est au cœur des préoccupations des parties impliquées, à l'échelle locale, régionale et internationale. "L'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, principale référence politico-juridique de nos liens avec les autorités centrales, bien que placé au dernier plan des priorités réelles du gouvernement actuel, devait, en tant qu'un des projets pertinents de refondation du Mali, servir d'acquis au profit du processus de réformes", rappellent les membres du CSP, composé de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), de la Plateforme et de la coordination des mouvements de l'inclusivité (CMI). Aussi, "le CSP remarque également l'exclusion et la non-prise en compte d'importants acteurs de la vie politique malienne malgré leur disponibilité à accompagner ces assises", ajoute le communiqué. C'est pourquoi les auteurs de ce texte affirment, en guise de décision que "les conclusions des assises nationales de la refondation sous leur forme actuelle ne sauraient nullement engager ses organisations membres". Pour sa part, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l'imam Mahmoud Dicko (CMAS), reprenant pratiquement les mêmes arguments, a affirmé, elle aussi, qu'elle boycottait ces Assises, dont un des objectifs inavoués par les militaires au pouvoir est de réunir un maximum de voix pour justifier le report des élections générales, prévu début 2022. Une décision à laquelle s'est déjà opposée la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et d'autres membres de la communauté internationale, qui réclament un retour dans les délais de Bamako à la légalité institutionnelle et constitutionnelle. "Nous sommes au regret de constater que les autorités de transition s'adonnent de plus en plus au clanisme, en reléguant au second plan certains acteurs connus", lit-on dans le communiqué de la CMAS. Cette coordination affirme n'avoir "jamais été consultée et elle n'a reçu aucun document comme support de participation aux ANR", ajoute le communiqué, dans lequel elle appelle ses adhérents à ne pas prendre part aux travaux de ces assises qui s'achèveront le 30 du mois en cours. Pour rappel, la junte militaire que dirige l'actuel président Assimi Goïta a renversé l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta le 20 août 2020, après des mois de crise et de blocage poltique dans le pays. Quelques mois plus tard, la junte renverse le nouveau président et limoge son Premier ministre qu'elle a elle-même portés au pouvoir.