Entre l'Algérie et la Tunisie, c'est une vieille histoire, une réelle amitié et une fraternité authentique. Alger a toujours été aux côtés de Tunis comme «la grande soeur» qui veille sur sa cadette, pour paraphraser Kaïs Saïed lors de sa première visite d'Etat après son élection en 2019 qu'il avait réservée à l'Algérie. Hier,encore, elle a répondu présente à son appel démontrant que sa solidarité n'est point un slogan. Accueilli à Tunis avec tous les honneurs dus à son rang de chef d'Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui effectue une visite officielle de deux jours dans le pays frère, n'a pas seulement renfloué les caisses de Tunis avec 300 millions de dollars, mais aussi la signature d'une multitude de contrats afin de redynamiser l'économie du voisin de l'est. Il l'avait promis en accueillant, en février 2020, Kaïs Saïed à Alger déclarant alors que «l'Algérie est prête à apporter toute son aide à la Tunisie qui traverse une conjoncture difficile, tant au plan financier qu'économique». Au cours de la visite de l'année dernière, le tête-à-tête entre les deux présidents avait été conclu par un prêt de 150 millions de dollars, une aide sur le plan de l'approvisionnement en gaz naturel à des prix préférentiels et le traçage d'un plan contenant des objectifs clairs visant à mettre les mécanismes adéquats permettant le lancement d'une politique économique complémentaire entre les deux pays. Il y a lieu de rappeler que l'échange, dernièrement entre le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane et son homologue tunisienne, Najla Bouden, a porté sur le renforcement de la coopération algéro-tunisienne à travers, notamment la réactivation des accords bilatéraux «gelés» et la «Haute commission algéro-tunisienne» dont la dernière réunion remonte à 2017. L'Algérie, qui s'est toujours montrée solidaire avec la Tunisie, s'est particulièrement engagée à ses côtés depuis la révolution du Jasmin. En 2011, l'Algérie a accordé une aide financière de 100 millions de dollars à la Tunisie dont 10 millions de dollars sous forme de don, le reste sous forme de prêt avantageux. En 2014, une nouvelle aide de 250 millions de dollars est à nouveau accordée dont 50 millions de dollars non remboursables. L'Algérie a également répondu présente lors de la montée de la pandémie de coronavirus ou encore dernièrement lorsque Kaïs Saïed a décidé de certains réaménagements politiques en gelant le Parlement et en limogeant son chef du gouvernement. À en croire le site Tunisie-numérique, «en octobre 2021, le directeur des finances et des paiements extérieurs à la Banque centrale de Tunisie (BCT), Abdelkarim Al-Aswad, estimait à 600-700 millions de dollars le montant des prêts, dépôts et aides algériens encaissés par la Tunisie depuis la Révolution dont 60% remboursés». Avec le dernier prêt de 300 millions de dollars, Tunis aura donc touché près de 1 milliard de dollars. Mais Alger ne cherche pas seulement à «dépanner» le voisin de l'est, elle tente de faire redémarrer sa machine économique à travers l'intensification des échanges entre les deux pays. Car sur le plan économique, les relations restent, elles, en deçà des espérances. Selon les statistiques des douanes algériennes, l'Algérie a exporté en 2019 vers la Tunisie un peu plus d'un milliard de dollars, un chiffre en progression de 13% par rapport à 2018 mais qui ne représente en fait que 3% des exportations globales. Concernant les importations provenant de ce pays voisin, elles ont avoisiné les 400 millions de dollars, en hausse également, mais ne représentant aussi que 1% des importations globales. En termes de présence économique, quelque 763 sociétés tunisiennes activent actuellement en Algérie dans des domaines très variés (industrie, services, ingénierie, TIC, distribution, communication). Des investissements communs ont été lancés, notamment dans l'énergie. Mais globalement, cela reste insuffisant et les relations économiques ne manqueront pas d'enregistrer un réel bond en avant avec la visite officielle du président Tebboune en Tunisie. Car comme l'ont affirmé les deux présidents «la sécurité et la stabilité de la Tunisie et de l'Algérie sont intrinsèquement liées (...). Nous sommes un seul peuple ayant en partage la même histoire et le même avenir».