L'échange téléphonique, mardi, entre Kaïs Saïed et Abdelmadjid Tebboune, a, notamment porté sur la prochaine visite d'Etat qu'effectuera le président en terre tunisienne. Une visite que le chef de l'Etat avait annoncée, la veille, lors de son entrevue avec les médias nationaux. Abdelmadjid Tebboune déclarait, alors, qu'il comptait se rendre chez le voisin de l'Est «une fois le nouveau gouvernement formé» en emmenant avec lui une «bonne partie du gouvernement» afin de «réactiver» les accords bilatéraux «gelés», notamment la «haute Commission algéro-tunisienne» dont la dernière réunion remonte à 2017. Le gouvernement tunisien a été formé le lendemain de la déclaration du président Tebboune et, à peine installé, il s'est lancé dans les préparatifs pour accueillir la délégation algérienne de haut niveau dont la date officielle de son déplacement n'a pas encore été précisée. Mais hier déjà, les Premiers ministres des deux pays ont échangé, à ce propos, lors d'une communication téléphonique. Aïmene Benabderrahmane et après lui avoir adressé «ses chaleureuses félicitations, suite à la formation du nouveau gouvernement», a évoqué avec son homologue tunisienne, Najla Bouden, le renforcement et la diversification de la coopération algéro-tunisienne «notamment en prévision des prochaines et importantes échéances bilatérales», comme l'a indiqué un communiqué du premier ministère. C'est dire que les deux pays qui nouent, sur le plan politique, des relations fraternelles, tiennent à les renforcer économiquement. En fait, l'Algérie s'est toujours tenue aux côtés des Tunisiens. Sa solidarité, elle l'a déjà exprimée lors de la révolution du Jasmin, face à la crise financière du pays voisin, la montée de la pandémie du coronavirus ou encore, dernièrement, lorsque Kaïs Saïed a décidé de certains réaménagements politiques en gelant le Parlement et en limogeant son chef du gouvernement. Cette semaine encore, le président Tebboune a réitéré le soutien de l'Algérie à la Tunisie. Lors de son entrevue avec les médias, il a affirmé que la sécurité de l'Algérie et celle de la Tunisie étaient intimement liées, assurant de la disposition de l'Algérie à faire face à toute tentative ciblant la sécurité de ce pays. «Ce qui touche la Tunisie nous touche aussi. Nous nous abstenons de nous ingérer dans les affaires intérieures de la Tunisie et quiconque menace sa sécurité nous trouvera à l'affût», a déclaré le chef de l'Etat. Il faut dire que depuis l'élection de Kaïs Saïed, les deux chefs d'Etat se consultent régulièrement sur toutes les questions. Le président tunisien, faut-il le rappeler, avait réservé son premier déplacement à l'Algérie où il s'était vu, exceptionnellement, décoré de la médaille Athir, la plus haute distinction algérienne. Mais bien que les relations politiques entre les deux pays voisins soient au beau fixe, les relations économiques restent, elles, en deçà des espérances. Selon les statistiques des douanes algériennes, l'Algérie a exporté, en 2019, vers la Tunisie, un peu plus d'un milliard de dollars, un chiffre en progression de 13% par rapport à 2018 mais qui ne représente, en fait, que 3% des exportations globales. Concernant les importations provenant de ce pays voisin, elles ont avoisiné les 400 millions de dollars, en hausse également, mais ne représentant, aussi, que 1% des importations globales. En termes de présence économique, quelque 763 sociétés tunisiennes activent actuellement en Algérie dans des domaines très variés (industrie, services, ingénierie, TIC, distribution, communication). Des investissements communs ont été lancés, notamment dans l'énergie. Mais globalement, cela reste insuffisant et les relations économiques ne manqueront pas d'enregistrer un réel bond en avant après la prochaine visite officielle du président Tebboune en Tunisie.