C'est à l'aéroport international Carthage de Tunis que le président Tebboune a été reçu, hier, par son homologue tunisien Kaïs Saïed, en présence de hauts responsables de l'Etat tunisien ainsi que des représentants du corps diplomatique arabe. À quoi juger du succès ou de l'échec d'une visite officielle d'un chef d'Etat à l'étranger? À l'accueil réservé, bien sûr. À la longueur du séjour, certainement. Aux contrats signés, sans nul doute. Aux grandes idées lancées, bien évidemment. La visite de deux jours du président de la République Abdelmadjid Tebboune en Tunisie voisine ne laisse plus de place au doute. Comme en témoigne l'accueil fraternel et officiel réservé au président de la République. Le tapis rouge a été déroulé sur le tarmac de l'aéroport international de Tunis alors que retentissaient les 21 coups de canon en l'honneur de l'invité de marque de la Tunisie. Une visite intervenant «dans le cadre du renforcement des liens profonds de fraternité unissant les deux peuples frères et de l'élargissement des domaines de coopération à un niveau qualitatif concrétisant la volonté commune des dirigeants des deux pays et de leurs peuples», a indiqué, mardi, un communiqué des services de la présidence de la République. Pour cette visite en Tunisie, la première depuis son élection, le chef de l'Etat est accompagné d'une importante délégation ministérielle. Une délégation composée, notamment du Premier ministre, ministre des Finances, et des ministres des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, de l'Intérieur, de l'Industrie, des Travaux publics, de l'Energie, du Commerce, des Transports et de la Santé. Après avoir écouté les hymnes nationaux des deux pays et passé en revue un détachement militaire qui leur a rendu les honneurs, les deux présidents ont eu un entretien en tête-à-tête. Les deux présidents ont évoqué le dossier du conflit libyen ainsi que les questions d'intérêt commun au Sahel, notamment au Mali. Des entretiens élargis par la suite aux délégations des deux pays. La solidarité et la coopération ont été au coeur des entretiens. Considérant la Tunisie comme sa profondeur stratégique après la détérioration de la situation sécuritaire au cours de la dernière décennie dans la région, notamment en Libye et au Mali, l'Algérie a toujours affiché sa solidarité avec le pays du jasmin. Après la décision de Kaïs Saïed, fin juillet dernier, de dissoudre le Parlement, l'Algérie a rejeté toute ingérence étrangère dans les affaires internes de la Tunisie. «Celui qui veut un gouvernement, qu'il aille le former chez lui», a riposté le président Tebboune aux parties étrangères qui appelaient à l'accélération de la formation d'un gouvernement en Tunisie. Il a réaffirmé, dans ce contexte, que la Tunisie est un pays souverain et indépendant, ajoutant que «le président Saïed est un intellectuel démocrate» et que la question des différends politiques en Tunisie «est une affaire interne, où seule la volonté du peuple tunisien peut trancher». Une solidarité à toute épreuve puisque pas moins de 27 accords seront signés à l'occasion. Des accords économiques liés aux secteurs de la finance, de l'énergie, des mines, de l'industrie, commerce, transports, travaux publics et santé. Les deux pays ayant affirmé leur volonté de réaliser «l'intégration et la complémentarité économiques et la coordination stratégique bilatérale» ainsi que le développement des zones frontalières et la réalisation des projets d'intégration dans les deux pays afin de renforcer les bases d'un développement intégré. Un développement auquel les deux pays aspirent à réaliser, conformément à la vision commune des deux présidents. Au-delà de la coopération bilatérale, le prochain sommet de la Ligue arabe prévu en mars prochain à Alger a été également au centre des entretiens. Au même titre que le dossier libyen sur lequel les deux présidents ont une vision commune et convergente. «La solution doit être libo-libyenne et que ce pays doit être préservé des ingérences étrangères et de l'afflux des armes» ont-ils plaidé.