Les députés veulent sortir de l'hémicycle. Le président de l'Assemblée populaire nationale a dévoilé, hier à Alger, les «résolutions» de l'APN pour 2022. Ibrahim Boughali veut en faire l'année du contrôle «réel» de l'action du gouvernement. En effet, le troisième homme de l'Etat a assuré que les députés allaient gagner le terrain pour des visites de contrôles inopinées, notamment en ce qui concerne l'application des engagements du gouvernement. «Il est nécessaire de changer les comportements et de consolider de nouvelles traditions qui répondent aux aspirations de la population, cela en gagnant le terrain pour des actions de contrôle du travail des pouvoirs publics», a-t-il soutenu, lors d'une réunion de coordination avec les bureaux des commissions permanentes. Boughali a insisté sur le fait que ces actions sur le terrain doivent être faites avec rigueur, loin de la complaisance. «On doit en finir avec les fausses promesses et la condescendance», a-t-il rétorqué. Il demande ainsi à instaurer de nouvelles traditions parlementaires avec un esprit d'initiative et de créativité, «afin de répondre aux aspirations du peuple algérien». Il appelle ces commissions à activer tous les outils de contrôle de l'action du gouvernement du fait qu'elles jouent un rôle essentiel dans la préparation du travail dans l'hémicycle. Le président de l'APN avoue que le but de tout cela est de rétablir la confiance du peuple vis-à-vis de ses représentants. En fait, l'assemblée est à la recherche de la crédibilité perdue.«Retrouver la confiance des citoyens est la condition de base de tout véritable décollage. L'activation de la performance parlementaire en particulier est le reflet de notre engagement à remplir nos fonctions», a-t-il soutenu. Renouvelée, il y a quelques mois, elle veut se donner un nouveau visage loin de celui qui lui sied depuis des années à savoir une simple chambre d'enregistrement. Les nouveaux députés, dont beaucoup sont jeunes et compétents, veulent regagner la confiance de leurs électeurs. Cela ne peut passer que par des actions concrètes sur le terrain. Ils sont donc appelés à faire un véritable contrepoids à l'Exécutif, afin d'éviter les dérives du passé qui ont été «validées» par les deux chambres du Parlement. Cette nouvelle vision a de fortes chances de réussir du fait qu'elle a reçu le «quitus» du président de la République. Abdelmadjid Tebboune, qui a maintes fois insisté sur le fait que les élus du peuple doivent jouer leur rôle pour lequel ils ont été élus, particulièrement en ce qui concerne le contrôle de la bonne gouvernance. D'ailleurs, il s'est même plaint du fait que des décisions présidentielles ne soient pas appliquées sur le terrain. C'est dans ce sens qu'il a annoncé la création d'un outil de contrôle de la mise en oeuvre des décisions du gouvernement dans tous les domaines. «Cela en vue de répondre aux préoccupations des citoyens», a-t-il soutenu. Une structure qui doit impérativement être accompagnée par une APN forte et indépendante, constitutionnellement habilitée à mener des enquêtes contre ce type de débordement. Cette sortie de Ibrahim Boughali laisse donc entrevoir le bout du tunnel pour les «victimes» des dérives administratives. 2022 sera-t-elle l'année de la fin de la bureaucratie? Wait and see...