L'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, reprendra ses fonctions à Paris à partir d'aujourd'hui. Dans un communiqué rendu public, hier, la présidence de la République, a indiqué que «Abdelmadjid Tebboune, a reçu mercredi l'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, qui reprendra ses fonctions à Paris à partir de ce jeudi 6 janvier 2022». L'entrevue entre le chef de l'état et le diplomate en poste à Paris met officiellement un terme à une brouille entre Alger et Paris qui aura duré plus de 3 mois. À l'origine du coup de froid qui a amené l'état algérien à rappeler son ambassadeur en poste à Paris, cesser toute communication avec l'élysée, des propos malveillants à l'endroit de l'Algérie prononcés par le président Macron. Il avait, rappelons-le, qualifié l'état algérien de régime politico-militaire et l'accusant de tirer profit d'une rente mémorielle. Les motivations du président français, qui étaient d'ordre électoraliste, ont ainsi provoqué une grave crise diplomatique entre les deux pays et suspendu toute coopération, jusqu'à interdire le survol du territoire national par des avions militaires français. L'intransigeance de l'Algérie était à la hauteur de l'agression inqualifiable, dont s'est rendu coupable Emmanuel Macron. Le président Tebboune, interpellé à plusieurs reprises par des médias nationaux et étrangers, a eu une attitude responsable, mais très ferme à l'égard de son homologue français. Il n'était pas question pour Alger de laisser passer ce genre de dérives par pertes et profits. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a mesuré la gravité de la situation et multiplié les signaux de bonnes intentions en direction de l'Algérie. Prenant le relais du président français qui a exprimé des «regrets», Le Drian a affiché sa volonté de «rétablir les conditions d'une relation apaisée avec l'Algérie». Et prenant le rôle d'un porte-parole de l'élysée, il a clairement déclaré: «Nous regrettons un certain nombre de malentendus récents» qui ont créé une situation de tension qui «ne correspond pas à l'importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays». Le Drian a plaidé en faveur «des liens ancrés dans l'histoire, y compris des histoires personnelles», entre l'Algérie et la France. Ces propos tenus devant le Sénat français valait, bien entendu, des excuses et une reconnaissance claire de la grave erreur commise par le président Macron. À cette déclaration, ont succédé d'autres sorties médiatiques où le ministre français des Affaires étrangères a réitéré les mêmes regrets et exprimé le souhait de rétablir les relations diplomatiques entre l'Algérie et la France. Un véritable travail d'approche, dont on pouvait sentir des accents de sincérité, mais surtout une volonté de corriger la gaffe de Macron. Ce dernier qui avait organisé un Sommet sur la Libye a officiellement invité le président Tebboune à y prendre part. L'Algérie n'a pas accédé à la demande de l'élysée et dépêché le ministre des Affaires étrangères. Les relations entre les deux pays en étaient donc au point mort, jusqu'à la visite éclair de Jean-Yves Le Drian à Alger, le 8 décembre dernier. Reçu par le président Tebboune, le ministre français a dit à la presse souhaiter «que nos deux pays reprennent ensemble la voie d'une relation apaisée et puissent regarder vers l'avenir». Il a également plaidé en faveur d'un «dialogue que nous relançons, aujourd'hui, puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022, au-delà des blessures du passé que nous devons regarder en face au regard des malentendus qu'il nous revient». Le ministre français semble être sûr du caractère irrémédiable du partenariat algéro-français qui, à ses yeux, «est indispensable pour la stabilité de l'espace méditerranéen». Cette conviction profonde de Le Drian que «l'intérêt des deux pays (est) de travailler ensemble dans tous les secteurs», y compris dans celui de la mémoire, malgré les sorties hasardeuses de Macron. Il semble que cette visite a signé la fin de la brouille entre Alger et Paris. Depuis lors, l'annonce du retour de l'ambassadeur Mohamed Antar Daoud qui était dans l'air a donc été officialisé, hier. Dès aujourd'hui, il reprendra ses fonctions à Paris. Le partenariat pourra ainsi reprendre, même si en l'espèce, l'Algérie a de tout temps montré son insatisfaction face la frilosité de beaucoup d'opérateurs économiques français. Cela changera-t-il? L'avenir nous le dira.