Le rideau est tombé. Le dernier clap a retenti. La voix s'est définitivement éteinte. Celle de Mohamed Hilmi s'est tue hier. La nouvelle est tombée tel un couperet. Le dramaturge, réalisateur et comédien Mohamed Hilmi, est décédé mercredi matin à Alger, à l'âge de 90 ans, a annoncé l'Office national des droits d'auteurs et droits voisins. Mohamed Hilmi rejoint les étoiles. Son frère décédé lui aussi, hasard de la vie, un certain mercredi du mois d'août 2021 à 82 ans. Et bien d'autres figures marquantes du cinéma, du théâtre ou de la télévision qu'il aura côtoyées tout au long d'un parcours professionnel exceptionnel. Bachtarzi, Hassan El Hassani, Rédha Falaki, Cheikh Noureddine, Abder Isker...Pour la jeune génération, juste après l'indépendance il sera la voix emblématique de la Radio Chaine 2 d'expression kabyle qu'il révolutionnera par la création de pièces de sketchs radiophoniques. Des créations qui feront de lui une icône de la Chaine II avant qu'il ne le devienne au cinéma et au théâtre. La palette dans laquelle il évoluera ne cessera, cependant, de s'élargir, de s'enrichir. En digne fils d'Azeffoun, ville côtière de la wilaya de Tizi Ouzou, située à 70 km au nord-est de Tizi Ouzou et à 95 km à l'ouest de Béjaïa, il ne s'accommodera pas d'horizons obstrués Il les étendra de façon à pouvoir faire étalage d'une impressionnante énergie créatrice qui tire probablement son origine de son premier spectacle, Diviser pour régner, un sketch dans lequel Hassan El-Hassani jouait le rôle de Naâma, auquel il a assisté alors qu'il n'avait que 10 ans. À treize ans, il décide de quitter son village natal pour aller à Alger. Son destin s'y jouera. Atteint d'une ostéite bacillaire - inflammation du tissu appelée communément «carie des os», il sera soigné par un médecin qui lui procure un emploi de coursier dans une compagnie d'assurance. Parallèlement, il prenait des cours par correspondance durant trois ans. La trajectoire est désormais tracée. À peine 16 ans, en 1947, il est sollicité pour un rôle dans la pièce Ould Ellil. N'ayant hérité que de petits rôles avec Mahieddine Bachtarzi, un des pères fondateurs du théâtre algérien il rejoint, en 1949, Rédha Falaki à la radio, écrivain, dramaturge et mentor de futures stars algériennes, comédiens, humoristes mais aussi réalisateurs à l'image de Djaâfar Beck, Ghouti Bendeddouche...Mohamed Hilmi écrira une pièce radiophonique qu'il interprétera avec Cheikh Noureddine et Abder Isker (scénariste, réalisateur et producteur français d'origine algérienne). En1950, il renoue avec les planches. Après l'indépendance, il est l'auteur de nombreux sketchs qui utilisent la chansonnette et se lance dans la réalisation de téléfilms, courts et moyens métrages: Chkoune Yassbag, El Ghoumouk, Ec-Chitta, Matfahmine, Listihlak et surtout l'Après-pétrole (1986). En1993, il signe son premier long métrage, El Ouelf Essaib, et publie, à compte d'auteur, une comédie satirique intitulée Démocra-cirque ou le cri du silence. Parcours miraculeux, une autobiographie, et Le présent du passé. De son vrai nom Brahimi Mohamed Améziane, Mohamed Hilmi est né le 15 février 1931 à Azeffoun, il nous a quittés hier à l'âge de 90 ans. Vétéran du monde des arts, voix emblématique de la radio, figure remarquable du grand et du petit écran, il demeurera une référence majeure de la scène artistique algérienne. Le président Tebboune «Une icône de la scène artistique algérienne» Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a adressé un message de condoléances à la famille du défunt Brahimi Mohamed Ameziane connu sous le nom de Mohamed Hilmi, décédé mercredi à Alger à l'âge de 90 ans. «C'est avec une immense affliction et tristesse que j'ai appris la nouvelle de la disparition de l'artiste Mohamed Hilmi. Que Dieu ait son âme et le comble de Sa Sainte Miséricorde», a écrit le président Tebboune dans son message. «Une icône de la scène artistique algérienne vient de nous quitter après avoir contribué, par son talent et sa créativité, à l'enrichissement de la production télévisuelle et cinématographique pendant de longues années, marquant de son empreinte plusieurs oeuvres artistiques de qualité, ayant gagné le respect et l'estime du grand public et des hommes de la culture et de l'art de notre pays», a-t-il poursuivi. «En cette douloureuse épreuve, je tiens à présenter à la famille du défunt ainsi qu'à la famille de l'art et de la culture mes condoléances les plus attristées et mes sincères sentiments de compassion, priant Allah d'accorder au défunt Sa Sainte Miséricorde et de prêter aux siens patience et réconfort. À Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons», a conclu le président Tebboune. Wafa Chaâlal, ministre de la Culture et des arts «un artiste rare aux nombreux talents» La ministre de la Culture et des Arts, Wafa Chaâlal, a salué la mémoire de l'artiste Mohamed Hilmi, regrettant, dans un message de condoléances adressé à sa famille, «la perte d'un artiste rare aux nombreux talents». Présentant ses condoléances à la famille artistique, Wafa Chaâlal a relevé la «présence remarquée de l'artiste sur les planches du 4e art» et son «apport à la radio et à la télévision» où il a brillé par des oeuvres «connues et appréciées du public algérien».