«Elle sera soumise à l'instance exécutive du parti qui se prononcera sur son adoption.» Bientôt neuf mois depuis qu'elle est en gestation dans les entrailles du FLN, la mouture de la nouvelle Constitution a mûri. L'instance exécutive du parti de Belkhadem se réunira le 15 juin pour adopter cette mouture préparée par l'équipe conduite par Bouzid Lazhari depuis octobre dernier. «La mouture proposée par la commission Lazhari connaîtra son sort la semaine prochaine» ont rapporté, hier, des sources proches de la commission Lazhari. «Elle sera soumise à l'instance exécutive du parti qui se prononcera sur son adoption», ont affirmé ces sources précisant, par ailleurs, qu'«après l'adoption, de la mouture de la nouvelle Constitution, elle sera automatiquement transmise au président de la République» Cette subite accélération des événements est intervenue depuis la nomination de M.Belkhadem à la tête du gouvernement. Jeudi dernier, sitôt l'inauguration de la Foire internationale par le président de la République terminée, le chef du gouvernement s'est longuement entretenu avec l'instance de coordination de son parti à l'hôtel Hilton. Une véritable réunion de l'état-major qui a rassemblé toute la composante de cette structure du FLN. L'instance de coordination regroupe à la fois les membres de l'instance exécutive, les ministres FLN, les membres de commissions au niveau des chambres du Parlement et les adjoints du président de l'APN. La réunion a porté sur les dernières retouches à la mouture de la nouvelle Constitution. Rien n'a filtré au sein du parti sur cette réunion de l'hôtel Hilton. «Quelques amendements, des propositions et des suggestions ont été faits à la commission Lazhari avant que le texte ne soit soumis à l'adoption au niveau de l'instance exécutive» a-t-on appris de sources proches de la direction exécutive qui n'ont toutefois pas précisé la nature des amendements et des suggestions proposés à la commission de Bouzid Lazhari. Il y a comme un climat de précipitation, un rythme rapide impulsé depuis l'arrivée de Belkhadem à la tête de l'Exécutif. Alors que la vie politique mise, depuis longtemps, sous perfusion, évoluait comme un long fleuve tranquille qui coule en verte campagne, subitement ce fleuve bouillonne dans la vallée de la mort. Il y a une atmosphère de crise que suggère en filigrane l'accélération du rythme de la vie politique sous M.Belkhadem. Or, cette crise n'est pas visible. Du moins, au niveau institutionnel. Les priorités du FLN sont d'abord la révision de la Constitution ensuite l'augmentation des salaires. Pour les salaires, le FLN ne fait qu'approuver une demande des travailleurs, au risque de décevoir sur ce dossier social extrêmement sensible. Pour la révision de la Constitution, c'est une initiative propre au parti majoritaire. Les observateurs estiment que «le FLN n'avance aucun argument politiquement tenable et aucune raison logique n'est avancée pour expliquer cette demande intra-FLN». Abdelaziz Belkhadem brandit l'impératif de clarifier la nature du régime algérien et renforcer les prérogatives du président de la République. Seulement, il n'y a aucun blocage qui empêche le fonctionnement des institutions et donc, qui justifierait cet empressement à amender la Constitution de 1996. L'ex-chef de gouvernement, Ahmed Ouyahia s'est ouvertement opposé au projet du FLN. Il a soutenu qu'une révision de la Constitution pouvait se faire à l'Assemblée nationale, sans recours à un référendum, tout en plaidant pour un régime parlementaire. La seule épreuve qu' a subie la Constitution de 1996 a été l'écueil de l'institutionnalisation de la langue amazighe. C'est parce que la Constitution de 1996 donne suffisamment de prérogatives au président de la République, que ce dernier n'a pas trouvé de difficultés pour accéder à la revendication linguistique exprimée par les Algériens. Il faut rappeler, par ailleurs, que la Constitution de 96 a été secrétée à une époque où le souci de préserver l'esprit républicain de l'Etat se posait réellement. C'était la guerre contre l'extrémisme islamiste, le terrorisme, et contre l'instauration d'un état théocratique. En se pressant d'amender la Constitution, le FLN a-t-il tort ou raison? La sagesse commande d'attendre et de voir.