Le président de la République convoquera le corps électoral trois mois avant pour se prononcer sur la nouvelle Constitution version FLN. La nouvelle Constitution ne limitera plus le mandat présidentiel à deux mandats rapportent des sources très proches de la commission chargé de préparer la mouture de la nouvelle Constitution présidée par Bouzid Lazhari. Les mêmes sources insistent que cette disposition de la première loi du pays demeure la motivation principale de cette révision, initiée par le FLN qui en a fait son cheval de bataille. D'ailleurs, dès sa nomination au poste de chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, Secrétaire général du FLN, a déclaré que sa priorité sera la révision de l'actuelle Constitution. Pour Abdelaziz Belkhadem il est impératif de clarifier la nature du régime algérien et de renforcer les prérogatives du président de la République. Les mêmes sources affirment qu'il ne s'agit pas de préconiser une présidence à vie, comme rapporté par une certaine presse, mais de permettre au président de la République de présenter sa candidature à sa propre succession, à plusieurs reprises. L'autre innovation préconisée par la commission Lazhari est la suppression, pure et simple, du poste de chef du gouvernement et son remplacement par le poste de premier ministre chargé de la coordination de l'action gouvernementale. Ce dernier, de même coloration politique que le chef de l'Etat aura à charge l'application du programme présidentiel. La nouvelle Constitution dénonce le fait que le chef du gouvernement soit dans l'obligation de présenter son programme d'action alors que le président de la République a été élu sur la base d'un programme politique et économique. Sur un autre plan, la nouvelle Constitution renforcera en outre le rôle du Conseil de la nation. Ce dernier aura dorénavant une mission législative et non pas uniquement consultative. Par ailleurs, la nouvelle Constitution devra consacrer davantage les libertés individuelles et le respect des droits de l'homme, ajoutent les mêmes sources. La mouture devrait être adoptée jeudi, 15 juin, par l'instance exécutive du parti de Belkhadem. «La mouture proposée par la commission Lazhari connaîtra son sort la semaine prochaine», ont rapporté, récemment, des sources proches de la commission Lazhari. «Elle sera soumise à l'instance exécutive du parti qui se prononcera sur son adoption», ont affirmé ces sources précisant, par ailleurs, qu'«après l'adoption de la mouture de la nouvelle Constitution, elle sera automatiquement transmise au président de la République». Une fois destinataire de la mouture finale, le président de la République désignera une commission de juristes qui seront chargés d'étudier et de rédiger le texte de projet de révision de la Constitution. Ce même texte sera ensuite examiné en conseil des ministres et par le Parlement pour approbation avant d'être proposé pour adoption ou rejet par référendum populaire prévu selon les mêmes en novembre prochain. Une fois le texte finalisé, le président de la République convoquera le corps électoral, soit trois mois avant la date désignée. Cependant, l'épineux débat sur la révision de la Constitution continue de faire rage et d'alimenter les discussions politiques. En attendant qu'elle advienne, inévitable, sérieuse et commandée par l'objectivité, la révision de la Constitution pourrait voir s'opposer deux camps: les partisans du régime présidentiel et ceux du régime semi-présidentiel. C'est du moins ce que laissent croire les dernières déclarations des chefs de partis et les tournures prises par la scène politique nationale. En effet, il n'est pas dit que tous sont acquis à l'idée de la révision de la Constitution de 1996. D'ailleurs, plusieurs partis se sont élevés pour dénoncer cet état de fait dont seul le FLN a le secret. Dans un discours prononcé au début du mois devant les élus de son parti, le président du MSP s'est élevé contre «un amendement, alibi» de la Constitution dont la seule fonction serait «de garantir un troisième mandat pour le président de la République». Dans son discours, le leader islamiste, dont la formation n'a pas été associée à la rédaction de la mouture, a tenté de mettre en garde contre une quelconque velléité du parti majoritaire d'imposer une mouture sans en aviser ses partenaires dans l'Alliance présidentielle. Décodés, les propos de Soltani sonnent comme une menace de «parasiter» le travail du FLN, si ce dernier ne le consulte pas sur la question. Et pourtant, même le RND n'a pas été associé. C'est dire combien le parti majoritaire veut faire cavalier seul.