Un manifestant et un général de police ont été tués jeudi lors de nouvelles manifestations à Khartoum contre le coup d'Etat, selon des médecins proches des contestataires et la police. Le manifestant a été tué «d'une balle au ventre» lors de nouvelles manifestations dans la banlieue nord de Khartoum, ont rapporté ces médecins. Plus tôt dans l'après-midi, la police, qui fait régulièrement état de dizaines de blessés dans ses rangs, a annoncé pour la première fois la mort d'un de ses généraux. Il a été «poignardé à mort par des groupes de manifestants» à Khartoum, a précisé son porte-parole Idriss Abdallah Idriss. Ce décès pourrait changer la donne car d'un côté les manifestants se disent pacifistes et de l'autre, les autorités accusent certains d'entre eux de chercher l'affrontement, dans un pays où des millions d'armes sont en circulation. Selon des témoins, les forces de sécurité ont tiré de nouveau jeudi des grenades lacrymogènes sur des milliers de manifestants anti-putsch à Khartoum. En outre, la télévision al-Araby, basée à Londres, a indiqué qu'une de ses équipes avait été arrêtée alors qu'elle couvrait les manifestations. Depuis le coup d'Etat, le Soudan a déjà été pointé du doigt par la communauté internationale pour des arrestations et des passages à tabac de reporters. Entre camps irréconciliables, l'ONU tente de faire revenir tous les acteurs soudanais à la table des négociations depuis des semaines. Lundi, son émissaire à Khartoum, Volker Perthes, a officiellement lancé une initiative pour laquelle il a indiqué vouloir favoriser dans un premier temps des entretiens individuels avant une deuxième phase de négociations directes ou indirectes. Si M. Perthes assure qu'il n'y a eu «aucune objection» de la part des militaires, les civils, eux, ont déjà rejeté pour nombre d'entre eux son idée. L'Association des professionnels soudanais, au rôle déterminant dans les manifestations anti-Béchir, a «rejeté complètement» de tels pourparlers, tandis que les Forces de la liberté et du changement (FLC), le principal bloc politique civil, a demandé des garanties sur le fait que ce dialogue ne cherche pas «à légitimer» le nouveau «régime» né du putsch. Le général Burhane, lui, assure n'avoir que procédé à une «correction du cours de la révolution» et il assure vouloir conduire le Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde, vers des élections libres en 2023.