Dix jours après le boycott des activités judiciaires par les robes noires, le gouvernement réagit. En effet, le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane a convié les représentants des avocats à une rencontre qui se tiendra, au siège du ministère des Finances, demain, et ce, pour tenter de désamorcer la crise. Le bras de fer semble pencher en faveur des grévistes. Selon le président de l'Union nationale des Ordres des avocats (Unoa), Brahim Taïri, «le mot d'ordre du mouvement de grève a été suivi à 100%». Cette rencontre a été, toutefois, précédée par la réunion du conseil de l'Union nationale des ordres des avocats(Unoa), prévue au courant de la journée d'hier. Il a été question de trancher sur la suite à donner à la grève à la lumière de la nouvelle donne. Les avocats ont décidé que le débrayage illimité enclenché depuis dix jours sera suspendu. Il est à rappeler que les avocats ont déclenché une grève de quatre jours en novembre 2021 pour dénoncer le nouveau mode fiscal introduit dans la loi de finances 2022. Les robes noires qui ne décolèrent toujours pas, boycottent depuis 10 jours toutes les activités judiciaires, nonobstant le fait que la loi de finances, entérinée par les deux chambres du Parlement, soit déjà entrée en vigueur depuis le début du mois en cours. Les contestataires espèrent voir le gouvernement geler les dispositions de la loi de finances, à l'issue du bras de fer engagé avec le département des finances. Il faut dire que la justice a été à bout de souffle ces deux dernières semaines. Pour cause, à la grève des robes noires s'est ajoutée celle des greffiers, même si ces derniers ont cessé leur débrayage depuis jeudi dernier. Par conséquent, étant paralysés par les avocats, les tribunaux et les cours de justice ne seront pas désengorgés de sitôt, car des piles de dossiers s'y sont amoncelés, suite au report systématique de toutes les audiences depuis le début du boycott des robes noires. Les avocats contestaient le nouveau système fiscal qui leur a été imposé dans le cadre de la loi de finances 2022. À l'issue de l'assemblée générale de l' Union nationale des ordres des avocats organisée le 8 janvier dernier à Constantine, 23 sur 24 barreaux ont décidé d'entamer une grève illimitée à partir du 13 janvier dernier. Largement suivi, le débrayage a paralysé l'ensemble de l'activité judiciaire à travers le pays. Il est à noter qu'à la faveur des dispositions de l'article 12 de la LF2022, l'impôt forfaitaire unique (IFU) de 12%, a été supprimé et remplacé par un nouveau régime qui les contraint désormais de payer à titre de taxes et d'impôts 54% de leurs bénéfices, soit 35% de leurs gains et 19% à titre de la TVA, laquelle «sera répercutée sur les justiciables», indique-t-on.«La responsabilité incombe au ministre des Finances qui a fermé toutes les portes du dialogue et n'a pas daigné donner suite aux nombreux correspondances qui lui ont été adressées», lit-on dans le procès-verbal de l'assemblée général de l'Unoa. Par ailleurs, d'après les avocats, «l'article 12 de la LF 2022 est en violation avec l'article 82 de la Constitution qui garantit la justice fiscale». La pression fiscale a poussé plusieurs jeunes avocats à changer de métier.