Mansourah est devenue maintenant une grande ville, animée et bruyante. Mansourah est surtout connue pour ses ruines mérinides du XIVe siècle et rappelle aux Tlemcéniens les deux sièges (1299-1307 et 1335-1337), où les habitants de la capitale zianide ont vécu un «blocus» terrible, mais ont résisté valeureusement jusqu'à l'assassinat du roi mérinide de Fès dans un palais par un de ses esclaves. Fin du 1er siège en 1307 et retour des troupes mérinides vers Fès pour régler les problèmes de succession. Le 2e siège (1335-1337), El Hassan vengea son père Abou Yacoub El Mansour, envahit Tlemcen et prit la forteresse du Mechouar, symbole de la grandeur des Zianides ; voilà pour l'histoire du moyen-âge. Mansourah est maintenant chef-lieu de daïra depuis le découpage de 1990 et gère sa commune, c'est-à-dire, la ville de Mansourah et trois autres communes, Terny Beni Hdiel, Aïn Ghoraba et Beni Moster. Faisant partie du grand Tlemcen avec comme chef-lieu de wilaya Tlemcen, la commune de Chetouane et celle de Mansourah, cette dernière a hérité des problèmes de la vieille médina de Tlemcen et d'El Ahouaz (quartiers périphériques) avec une population de 131.778 habitants pour une superficie de 40,11 km², (recensement de 1998). Mansourah est devenue maintenant une grande ville, animée et bruyante ave une circulation automobile et surtout de bus faisant la navette entre Tlemcen et l'université Abou Bakr-Belkaïd (pôle de Imama). Le recensement de 1998 donne pour Mansourah, la commune, une population de 35.231 habitants pour une superficie de 27 km² avec une densité de 1305 habitants/km². La ville de Mansourah est appelée par les urbanistes «cité dortoir» vu ses nombreux bâtiments qui portent des appellations significatives: 1500, 1000, 500 logements. Cette ville a «bouffé» les dernières parcelles de jardins verdoyants et des sources prévues pour arpenter les collines de Bouhanak et lorgner sur Beni Mester, une commune gérée par la daïra de Mansourah. Les nombreux chantiers de construction d'habitations collectives et individuelles vont accroître les difficultés de l'ancien quartier d'Imama devenu par la force des choses un centre urbain avec ses écoles, ses CEM, ses lycées, son commissariat de police, son groupement de gendarmerie, une caserne de sapeurs pompiers et bientôt la nouvelle université de 8000 étudiants vers le nord, au bord du périphérique allant vers Hennaya et Chetouane. Le Pdau (Plan directeur d'aménagement urbain) de 1995 et auquel j'avais participé notamment en ce qui concerne la carte scolaire, est dépassé en 2006 et les élus, en collaboration avec les autorités de wilaya, doivent se pencher sur le devenir de cette véritable métropole de l'Ouest qui a «grandi» malgré elle et doit éviter «l'asphyxie» qu'a connue sa mère, Tlemcen, qui utilise actuellement les grands moyens, je veux parler des trémies de Bab Wahran dont le taux de réalisation est de 45%. Le développement des trois communes du grand Tlemcen doit se faire dans une grande symbiose car Tlemcen, Chetouane et Mansourah sont une même zone géographique, géophysique, économique et socioculturelle. Tous les projets structurants doivent répondre aux besoins des trois grandes cités. L'avenir de Mansourah «la victorieuse» doit tenir compte des atouts considérables dont le pôle universitaire d'Imama avec ses facultés de lettres, sciences humaines et surtout sa belle bibliothèque centrale Abdelmadjid-Meziane qui reçoit tous les séminaires, les colloques nationaux et internationaux. Le futur complexe universitaire dont les travaux avancent à un rythme infernal et qui accueillera 8000 étudiants, transformera le vieux Mansourah en une métropole universitaire qui aura besoin de structures d'accompagnement. Le souk, pour ne pas dire marché de Mansourah, doit épouser la physionomie d'une grande ville, les «baraques» ou «baraquements» actuels sont une mauvaise note dans la configuration d'une nouvelle ville. Les institutions officielles APC, daïra, c'est-à-dire leurs sièges, doivent avoir un nouveau look digne d'une grande cité d'avenir. L'autre atout, ce sont les ruines de Mansourah qui restent une curiosité archéologique et historique pour tous les visiteurs de Tlemcen ; l'implantation d'un hôtel de luxe permettra aux touristes d'admirer le minaret légendaire à partir de leurs balcons. La carte touristique et artisanale doit être jouée à fond par les responsables de cette commune qui possède un Institut national de l'artisanat qui a fait ses preuves par des expositions sur différents métiers: bijouterie artisanale, tissage, poterie, couture artisanale et surtout la formation de jeunes artisans aux dents longues. Le touriste algérien ou étranger pourra faire une promenade en voiture ou même à pied pour admirer les remparts de la ville de Mansourah, le minaret ou ce qu'il reste de la mosquée mérinide qui ressemble beaucoup à celle de la tour Hassan à Rabat, et faire une randonnée à la forêt de Hafir, celle de Zarifett constituée de chêne-liège, chêne vert et chêne-zen. Les amoureux de la littérature de Mohamed Dib pourront voir l'agglomération rurale Beni Boubilen appelée par notre grand écrivain «les morts sur les vivants» dans le roman L'incendie à cause des habitations troglodytes surmontées d'un cimetière. Cette promenade vous mènera vers le plateau de Lalla Setti à 1000 mètres d'altitude, vous prendrez un bol d'oxygène et vous jouirez d'un panorama magnifique, unique au monde, vous aurez à vos pieds les vieilles villes historiques capitale des Zianides et les ruines de Mansourah, la mérinide.