Résumé de la 18e partie n Rappelons succinctement les différentes invasions qu'a connues Tlemcen. En 974, Agadir tombe entre les mains d'émirs berbères de la tribu des Maghrawas, d'abord les Bani Khazer puis les Bani Ya'âla, qui la placent sous l'autorité des Omeyyades de Cordoue. Au XIe siècle, les Almoravides s'emparent d'Agadir et fondent sur le plateau situé sur sa partie ouest, une nouvelle cité,Tagrart, un autre mot berbère, signifiant «camp militaire», qui finit par annexer la première : de la réunion des deux villes naîtra Tlemcen. Deux siècles plus tard, les Almohades succèdent aux Almoravides, qui vont développer la ville, mais ils finissent, eux aussi, par disparaître. C'est le retour aux royaumes berbères, avec deux pôles principaux : les Banu ‘Abd al-Wad (ou Banu Ziyân, du nom de ses souverains), de la grande tribu berbère des Zénatas, va entrer en scène, en fondant, un royaume dont Tlemcen sera la capitale. Et c'est sous le règne de cette dynastie que Tlemcen connaîtra la gloire. Le premier souverain abd el-Ouadide, Yaghmorasen Ibn Zian, qui règne de 1231 à 1283, la dote de prestigieux monuments dont le fameux Méchouar, en arabe «lieu des consultations». La forteresse, édifiée sous les Almohades, a été transformée par les zianides en résidence gouvernementale, avec des jardins, des pièces d'eau et de belles mosaïques et des œuvres d'artistes andalous, chassés d'Espagne et généreusement accueillis à Tlemcen. Les souverains qui ont succédé à Yaghmoracen, notamment Abou Hamou II et Abû Tachfin, vont continuer l'œuvre d'agrandissement du royaume et d'embellissement de Tlemcen. Mais la ville ne rayonne pas seulement par ses œuvres d'art et sa culture, elle est aussi un centre commercial actif, en rapport avec l'Afrique et l'Europe. Il y a même un quartier franc, des communautés chrétiennes et juives. Les juifs, chassés d'Espagne, tout comme les musulmans, avaient trouvé refuge à Tlemcen. Cependant une telle gloire et une telle prospérité n'ont pas manqué de susciter les convoitises. Les Mérinides du Maroc, les Zénatas comme les Tlemcéniens cherchent à s'en emparer et l'assiègent à deux reprises. En 1299, le sultan Abou Ya'qub, lui impose un siège de huit ans, allant jusqu'à construire, aux portes de Tlemcen une nouvelle ville, Mansourah, où il loge ses soldats. Mais Abu Ya'qub est tué par un eunuque et l'armée mérinide lève le siège. Les Mérinides reviennent en 1335 et, après un nouveau siège de deux années, s'emparent de Tlemcen qui est annexée au royaume mérinide. Les vainqueurs relèvent Mansourah et l'embellissent. Ils construisent également des monuments dont notamment le mausolée de Sidi Boumediene. Après leur départ, en 1356, ils vont continuer à exercer une certaine influence sur les souverains zianides et surtout à susciter des troubles dans le royaume. Les Espagnols, profitant de la situation, vont s'emparer de la ville en 1510. Les Turcs, appelés à la rescousse, vont tenter de la reprendre, mais elle connaîtra, de nouveau, l'occupation en 1517 et en 1543. Les Espagnols chassés, les Turcs vont s'y installer à partir de 1555 et y resteront jusqu'à l'arrivée des Français qui occupent le Méchouar en 1836. Le traité de la Tafna, passé en 1837 entre le général Bugeaud et l'Emir Abdelkader va replacer Tlemcen sous la souveraineté algérienne, mais le traité est rompu et en 1842 ; les Français occupent Tlemcen et vont y dominer, comme sur le reste de l'Algérie, jusqu'en 1962. Pour les besoins de la défense, puis de la colonisation, les Français ont procédé à la destruction de nombreux monuments, dont le célèbre Méchouar et ses murailles de l'Est. Comme les autres régions d'Algérie, Tlemcen est riche en contes et en légendes, dont certains sont très anciens. (à suivre...)