Si les Etats-Unis imposaient de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie, ils risqueraient de couper complètement les relations avec Moscou, a déclaré vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.»En ce qui concerne la menace de (nouvelles) sanctions, nous avons dit aux Américains lors des contacts entre les présidents que l'ensemble (de nouvelles sanctions) envisagé actuellement par Washington, comprenant une fermeture complète des systèmes financiers et économiques contrôlés par l'Occident, équivaudrait à une rupture des relations», a martelé Lavrov. L'Occident comprend cela et un tel scénario ne serait clairement pas dans les intérêts de qui que ce soit, a noté le ministre russe lors d'une interview accordée à des médias russes. Il a souligné que les responsables occidentaux exagéraient la situation en Ukraine «de manière hystérique» en exigeant une désescalade et en appelant la Russie à «choisir la diplomatie». Lavrov a souligné que la Russie avait choisi la voie de la diplomatie depuis longtemps et qu'elle avait toujours adhéré au principe qu'aucun Etat ne devrait renforcer sa propre sécurité aux dépens des autres.»Les Américains ont commencé à utiliser l'Ukraine contre la Russie de manière ouverte et cynique à tel point que même Kiev est effrayé», a-t-il ajouté.»Nous ne souhaitons pas la guerre, mais nous n'autoriserons pas non plus d'attaque sérieuse contre nos intérêts», a ajouté M. Lavrov. De leur côté, une attaque à grande échelle de Moscou en Ukraine aurait des conséquences «épouvantables» pour la population ukrainienne, mais un conflit n'est «pas inéluctable», ont estimé vendredi les chefs militaires américains, prévenant que la Russie avait désormais amassé aux frontières ukrainiennes des forces suffisantes pour une invasion.»Vu le type de forces qui sont déployées, les forces terrestres, l'artillerie, les missiles balistiques, l'armée de l'air (...) vous pouvez imaginer à quoi cela pourrait ressembler dans les zones urbaines denses», a averti vendredi le chef d'état-major, le général Mark Milley, prévoyant «un nombre important de victimes» en cas d'offensive.»Ce serait épouvantable, ce serait terrible», a-t-il souligné lors d'une rare conférence de presse. «Et ce n'est pas nécessaire. Nous pensons que la solution est diplomatique».Un conflit entre l'Ukraine et la Russie «n'est pas inéluctable», a souligné pour sa part le ministre de la Défense, Lloyd Austin. «Il reste du temps et du champ pour la diplomatie», a-t-il ajouté. Plus de 100.000 soldats russes sont déployés à la frontière ukrainienne depuis fin 2021, signe pour Washington qu'une invasion pourrait être imminente. Le général Milley a souligné que les fertiles plaines ukrainiennes, qui en faisaient le «grenier à blé» de l'ex-URSS, gèlent facilement du fait de la faible profondeur des nappes phréatiques. «Ce sont des conditions idéales» pour des véhicules blindés, a-t-il prévenu, soulignant que les grands centres urbains ukrainiens pourraient être directement menacés.»Et si une guerre devait éclater à l'échelle qui est aujourd'hui possible, la population civile souffrirait terriblement», a ajouté le plus haut gradé américain. «Nous encourageons fortement la Russie à se retirer. La force armée devrait toujours être le dernier ressort». Le ministre de la Défense a estimé que le président russe Vladimir Poutine n'avait pas encore «pris la décision d'utiliser ces forces contre l'Ukraine. Mais «il en a maintenant clairement la possibilité», a-t-il ajouté. «Et il a de nombreuses options, y compris la prise de grandes villes et de larges territoires». Le chef du Pentagone a souligné qu'il n'y avait «aucune raison» que cette situation dégénère nécessairement en un conflit. «M. Poutine a la possibilité lui aussi de faire ce qu'il faut», a-t-il assuré, en référence au président russe qui dément tout projet d'invasion, mais estime la Russie menacée par une éventuelle expansion de l'Otan et le soutien occidental à l'Ukraine. «Il peut choisir la désescalade. Il peut ordonner à ses forces de se retirer», a-t-il ajouté. Moscou a lié la désescalade à la fin de la politique d'élargissement de l'Alliance atlantique, notamment à l'Ukraine, et au retour des déploiements militaires occidentaux aux frontières de 1997.