Les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales Takuba vont travailler «d'ici la mi-février» à l'adaptation de leur dispositif au Mali au regard de l'«isolement progressif» de ce pays dirigé par de nouvelles autorités de transition, a annoncé, hier, le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal. «La situation ne peut pas rester en l'état. D'ici la mi-février, on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l'évolution de notre présence sur place» et «pour prévoir une adaptation», a-t-il déclaré sur France Info, au lendemain de l'annonce de l'expulsion de l'ambassadeur de France par les dirigeants maliens. Paris a déjà prévu de réduire la présence de ses propres unités de la force Barkhane au Mali. Interrogé pour savoir si cette présence allait être encore réduite jusqu'à être totalement retirée, le porte-parole du gouvernement français a fait remarquer que Paris avait «progressivement réduit la voilure, et on va continuer à le faire».La France «adapte sa présence pour la concentrer sur la lutte contre le terrorisme», a-t-il rappelé, mais «ce n'est pas un sujet franco-français, pas une intervention franco-française», et «le ''on fait quoi?''» maintenant, «on ne va pas le décider seuls», a-t-il expliqué. Le renvoi de l'ambassadeur français lundi, dont Paris «a pris acte», «est une étape supplémentaire dans l'isolement dont fait preuve cette junte», a insisté le porte-parole, jugeant que les discussions avec le pouvoir malien sont «rendues très difficiles». Et «on n'est pas prêt de voir les élections» au Mali, avec le report décidé par la junte, qui prévoit désormais une transition de cinq années. Avant le renvoi de l'ambassadeur français, dénonçant «un jeu politique sale» de Bamako, le Danemark avait, le 27 janvier, annoncé le rapatriement de sa centaine de soldats au Mali, après la demande en ce sens des nouvelles autorités de transition qui considéraient que leur déploiement était «intervenu sans son consentement». Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait dans la foulée dénoncé un comportement «irresponsable» avertissant qu'il faudrait en «tirer des conséquences», avant des échanges le 28 janvier en visioconférence sur l'avenir de Takuba, groupement de forces spéciales européennes créé en 2020 à l'initiative de la France, en vue de partager le fardeau au Sahel. La Coalition pour le Sahel réunit tous les pays et institutions (G5 Sahel, Européens, UE, ONU...) impliqués au Sahel, que ce soit dans la lutte antiterroriste, la formation des armées locales ou le développement. Elle a été lancée lors du sommet de Pau (sud-ouest de la France) en janvier 2020 par les états membres du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Tchad, Niger, Burkina Faso) et ses partenaires internationaux afin d'apporter une réponse dépassant le seul cadre militaire aux défis de la région. L'Allemagne a réagi, hier, dans un tweet du MAE pour estimer que «l'expulsion injustifiée de l'ambassadeur français mène à une impasse». Il y a un «besoin de dialogue, pas d'escalade pour atteindre l'objectif commun de sécurité et de lutte contre le terrorisme au Mali», où des troupes allemandes sont déployées dans le cadre de la mission de formation de l'Union européenne ou de la mission de l'ONU (Minusma), est-il ajouté. La France s'est donné deux semaines pour envisager son avenir au Mali, après neuf ans de lutte antiterroriste à laquelle elle avait fini par réussir à associer des partenaires européens. Les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales Takuba, créé en 2020 à l'initiative de la France pour partager le fardeau, vont travailler «d'ici la mi-février» pour «prévoir une adaptation» de leur dispositif au Mali, au regard de l'«isolement progressif» de ce pays, a affirmé Paris.