Bamako a décidé de revoir ses partenariats militaires avec l'Europe, la France en particulier, et veut désormais des accords d'Etat à Etat, considérant que la participation à la task force Takuba est une coopération par "procuration". Des soldats danois qui viennent d'arriver au Mali sont invités à repartir chez eux. La décision des autorités de transition au Mali de renvoyer des soldats danois fraîchement arrivés dans le cadre du groupement de forces spéciales Takuba a fait réagir la France qui dit avoir engagé une "concertation approfondie" avec ses partenaires. Bamako a demandé, lundi, au Danemark de retirer "immédiatement" le contingent d'une centaine d'hommes récemment déployés au Mali pour participer à Takuba, une task force initiée par la France et destinée à accompagner les soldats maliens au combat face aux terroristes. Selon le gouvernement malien,"ce déploiement est intervenu sans son consentement". Et dit ne plus vouloir d'engagement étranger "par procuration", en référence à la France qui est derrière l'initiative Takuba en 2020. Et de préciser que si le Danemark veut déployer ses soldats, il doit passer par un accord bilatéral avec Bamako. Depuis que Paris a soutenu les sanctions prises par la Cédéao contre le Mali, Bamako a décidé de revoir ses accords de défense, à commencer par la renégociation de ses accords avec Paris dont il a déjà fait la demande. Et depuis que les autorités de transition ont signé de nouveaux accords de coopération militaire avec la Russie, le bras de fer entre le Mali et la France a pris une autre dimension. "La junte multiplie les provocations", s'est indignée, mardi, la ministre française des Armées, Florence Parly, en affirmant sa "solidarité avec nos partenaires danois, dont le déploiement se fait sur une base juridique légale, contrairement à ce qu'affirme aujourd'hui la junte malienne". "Nous sommes présents via une invitation claire du gouvernement de transition malien (...) avec nos alliés européens, la France en pointe", a de son côté fait valoir le ministre des Affaires étrangères, Jeppe Kofod, en marge d'un déplacement à Bruxelles. Paris et Washington ont évoqué le déploiement des éléments de l'entreprise russe de sécurité Wagner. Information démentie par Bamako et Moscou qui évoquent des accords de coopération militaire entre deux Etats. Cette nouvelle poussée de fièvre intervient au moment où un autre pays, le Burkina Faso, voisin du Mali, connaît un coup d'Etat et que l'Union africaine (UA) tente une médiation entre la junte au pouvoir à Bamako et la Cédéao. Une délégation de l'UA a été reçue ce mardi à Bamako où le président de sa commission, Moussa Faki Mahamat, a rencontré les autorités de transition. Il s'est notamment entretenu avec le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, le Premier ministre Choguel Maïga et le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Selon la présidence malienne, citée par les médias locaux, le président de la Commission de l'UA aurait plaidé pour "une approche consensuelle qui puisse préserver les intérêts fondamentaux" du Mali, "conformément aux textes qui régissent" la Cédéao et l'Union africaine. L'Algérie a proposé sa médiation et suggéré un calendrier court pour l'organisation des élections et le retour à l'ordre constitutionnel : dans seize mois maximum, contre cinq, puis quatre années initialement proposées par Bamako. La piste algérienne est soutenue par l'UA.