Joe Biden a assuré, jeudi, que les Etats-Unis continueraient à traquer les terroristes dans le monde après la mort du chef du groupe Etat islamique (EI), qui s'est fait exploser, jeudi, lors d'un raid des forces spéciales américaines en Syrie. Le président américain a déclaré qu'avec Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qouraïchi, très peu connu du grand public, disparaissait une «menace terroriste majeure», dans une allocution solennelle à la Maison-Blanche. «Dans un ultime geste désespéré de couardise», Qourachi, à la tête de la nébuleuse terroriste depuis deux ans, «a choisi de se faire exploser (...), emportant plusieurs membres de sa famille avec lui, comme l'avait fait son prédécesseur» Abou Bakr al-Baghdadi, tué dans un raid américain en octobre 2019, a dit Joe Biden. Martial, il a promis que les Etats-Unis, malgré le retrait d'Afghanistan en août dernier, restaient engagés dans la lutte internationale contre le terrorisme. «Cette opération est la preuve que l'Amérique a les moyens et la capacité d'éliminer des menaces terroristes quel que soit l'endroit du monde où elles se cachent», a-t-il dit. «Nous sommes à vos trousses et nous vous trouverons», a lancé le démocrate de 79 ans, en évoquant les chefs de groupes terroristes dans le monde. Qouraïchi «s'est tué ainsi que sa famille proche sans combattre, alors même que nous essayions de l'appeler à se rendre», a précisé le général Kenneth McKenzie, chef du Commandement central de l'armée américaine. Le haut gradé a indiqué que le chef terroriste avait été identifié par ses empreintes digitales et son ADN. Joe Biden a suivi l'opération depuis l'ultra-sécurisée «Situation Room», pendant les deux heures environ qu'elle a duré, dans la nuit de mercredi à jeudi. Après l'assaut du commando, parti en hélicoptère de la ville à majorité kurde de Kobani (nord) et arrivé près de camps de déplacés de la localité d'Atmé, dans le nord-ouest de la Syrie, des correspondants de presse ont trouvé un bâtiment en partie détruit, au sol maculé de sang. Sur un autre site, les restes carbonisés d'un hélicoptère américain, victime d'un problème technique et détruit par les forces spéciales avant d'être abandonné. Joe Biden a évoqué une attaque «incroyablement difficile», en raison de la présence de civils et notamment d'enfants, utilisés comme boucliers humains selon les Américains. L'opération a fait «au moins» trois victimes civiles, la femme de Qourachi et deux enfants, morts dans l'explosion causée par le chef terroriste, a précisé le Pentagone. Mais des incertitudes persistent sur le bilan humain total. L'ONG «Save The Children» fait état «d'au moins» six enfants tués au total, dont deux bébés. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a rapporté le chiffre total de treize morts dans l'opération, civils et combattants confondus, dont quatre femmes et trois enfants. Les Etats-Unis ont assuré qu'aucun civil n'avait été tué en raison d'actions américaines. Le sujet est particulièrement délicat pour l'armée américaine, impliquée fin août dans une frappe de drone qui a tué par erreur dix civils, dont sept enfants, à Kaboul. Qourachi, de nationalité irakienne, avait pris fin octobre 2019 la tête du groupe responsable de nombreuses exactions et attentats au Moyen-Orient et dans plusieurs pays occidentaux. Joe Biden l'a décrit comme le «responsable» d'une récente attaque contre une prison en Syrie, et le «pilote du génocide» et des viols de masse contre la minorité des Yazidis. Surnommé «le professeur» ou le «destructeur», Amir Mohammed Saïd Abdel Rahman al-Mawla était un terroriste aux multiples alias, présenté comme «l'émir» Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi depuis son accession à la tête du groupe. Le raid est intervenu quelques jours après la fin d'un assaut de l'EI contre une prison tenue par les FDS, la plus importante offensive du groupe terroriste depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019.