L'organe législatif nommé par les autorités maliennes, dominées par les militaires, est convoqué en session extraordinaire pour réviser la charte de la transition et la loi électorale pour un nouveau calendrier, selon un décret présidentiel. Le Conseil national de transition (CNT), qui tient lieu de Parlement de transition, est «convoqué en session extraordinaire le vendredi 4 février et jours suivants», indique ce décret, lu vendredi soir à la télévision publique. L'ordre du jour du CNT va notamment porter sur «la révision de la charte de la transition et la loi électorale» en vue d'un nouveau calendrier, selon ce texte qui ne donne pas plus de détails. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uémoa) ont pris le 9 janvier une batterie de mesures économiques et diplomatiques vigoureuses à l'encontre du Mali pour sanctionner l'intention de la junte de se maintenir au pouvoir encore plusieurs années, après deux putschs en août 2020 puis en mai 2021. Elles ont suspendu, avec effet immédiat, toutes les transactions commerciales et financières des Etats membres avec le Mali, hors produits de grande consommation et de première nécessité. Elles ont aussi gelé les avoirs du Mali dans les banques centrales de la Cédéao et dans les banques commerciales des Etats membres, et suspendu toute aide et transaction financière en faveur du Mali de la part des institutions de financement de l'organisation. Les Etats ouest-africains, appuyés par la communauté internationale, exigent des nouvelles autorités au Mali de réduire la durée de la transition et de présenter un nouveau calendrier pour les élections. Les auteurs des deux putschs n'ont pas tenu leur promesse initiale d'organiser le 27 février prochain des élections présidentielle et législatives qui auraient ramené des civils à la tête du pays. Le CNT est convoqué après une rencontre mercredi à Bamako entre le comité local de suivi de la transition et des membres du gouvernement dont le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop. Ce comité local est notamment formé de représentants de la Mission de l'ONU au Mali et d'ambassadeurs de la Cédéao. Par ailleurs, les autorités maliennes ont publié, hier, un projet de loi qui devrait encore renforcer les pouvoirs du chef de la transition, le colonel Assimi Goïta. Le texte adopté, vendredi soir, en Conseil des ministres vise «la suppression du poste de vice-président (de la transition) pour éviter les duplications des missions et permettre au ministre chargé de la Défense et au ministre chargé de la Sécurité de recouvrer et d'exercer la plénitude de leurs attributions traditionnelles». Le nouveau texte porte également sur «l'augmentation du nombre de membres» du CNT (121 membres actuellement) «pour renforcer davantage l'inclusivité autour du projet de refondation de l'Etat» et une «adaptation de la durée de la transition aux recommandations des Assises nationales», selon le communiqué publié, hier, qui ne donne pas plus de précisions sur cette durée. Les «Assises nationales», présentées comme des consultations préalables à des élections et à un retour des civils au pouvoir au Mali, ont proposé, en décembre, de prolonger l'actuelle transition de «six mois à cinq ans», suscitant un bras de fer entre les auteurs des deux putschs en août 2020 puis en mai 2021 et les Etats ouest-africains.