De Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest: «Tamazight thella thella (Tamazight est là, est là Ndlr). Les festivités marquant la Journée mondiale de la langue maternelle et la Semaine des langues africaines ont été la meilleure preuve! Le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) a choisi la petite ville d'Igli (wilaya de Béni Abbès, au sud-ouest du pays) pour accueillir cet événement à la dimension internationale. Dans cette bourgade de quelque 8000 habitants, on parle bien sûr arabe mais aussi berbère. Deux variantes de tamazight se côtoient» dans les rues de cet oasis. Il s'agit du chleuh et du korandji. C'est une variété de tamazight qui se décline, comme un réel mélange de tamazight, de l'arabe et du songhaï, langue nilo-saharienne parlée dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest. Elle est menacée de disparition. Ce sont là des langues berbères qui connaissent un engouement certain au sein de la population locale. Jeunes et moins jeunes en sont fiers. «Il s'agit là de nos racines, de nos origines, de notre fierté», soutient Halim, un enfant de 12 ans qui vient de s'inscrire aux cours de tamazight, qui ont été intégrés dans les écoles d'Igli, pour les trois cycles. Comme lui, 100 autres enfants se sont inscrits pour suivre ces enseignements, dont le coup d'envoi officiel a été donné, hier, par le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad. «Au vu du succès qu'a remportée cette expérience pilote, elle sera élargie aux deux autres grandes daïras de la wilaya, en l'occurrence Tabelbala et Béni Abbès», a soutenu, fièrement, Ali Kourzi, le directeur de l'éducation de cette nouvelle wilaya. Une preuve de plus de l'attachement identitaire des Algériens. D'ailleurs, les habitants de la wilaya de Beni Abbès ont accueilli avec beaucoup d'engouement l'événement organisé par le HCA. Ils étaient heureux d'échanger avec les berbères des autres wilayas du pays. Chacun faisait découvrir à l'autre les (petites) différences culturelles qui existent entre chaque région, notamment en ce qui concerne les aspects culinaire et vestimentaire. Les colloques et autres rencontres scientifiques, organisés en marge de ces célébrations, ont, eux aussi, connu un succès fou. Les salles de conférences étaient trop exiguës pour accueillir la grande foule venue débattre avec les experts et les chercheurs, dépêchés par le HCA. Les débats étaient des plus intenses. Le «timing» a été largement dépassé, au vu de nombreuses personnes qui voulaient apporter leur contribution au débat et surtout réaffirmer leur berbérité. On a assisté à un grand moment d'unité nationale. Ce qui démontre l'importance des langues maternelles dans la consolidation du vivre-ensemble. «C'est un ciment pour l'unité nationale», assure le professeur de sociologie et d'anthropologie linguistique-essayiste-chroniqueur, Rabah Sebaâ. Il fait remarquer que dans cette région du sud-ouest du pays, plusieurs variantes de tamazight sont parlées. «Au sud de Béchar, il y a ceux qui parlent tafathit, un peu plus au Nord on trouve le tachelhit ainsi que le korandji», souligne cet universitaire, non sans insister sur le fait que cette diversité est plus une richesse qu'un facteur de division. Justement, les participants à cette semaine de la berbérité ont prouvé que rien ni personne ne pourra diviser le peuple algérien. Une pluralité et une berbérité qui, sonne comme un message clair contre les ennemis du pays qui ont essayé de jouer cette carte pour tenter de déstabiliser le pays. La wilaya de Béni Abbès est frontalière avec le Maroc. Tamazighit et l'identité nationale y sont bien implantés. Tout est dit, il n y a plus rien à ajouter...