Dans le flot ininterrompu d'informations charriant manipulation de fake news et contrevérités, qui accompagnent la guerre en Ukraine, l'ambassadeur de la Fédération de Russie en Algérie est sorti hier, de sa réserve pour apporter certains éclairages précieux concernant l'Algérie. Au sujet de la résolution de l'Assemblée générale les Nations unies condamnant la Russie et pour laquelle l'Algérie s'est abstenue de voter le 2 mars dernier, l'ambassadeur Igor Beliaev n'a laissé aucune place aux spéculations ni aux fausses interprétations: «Nous saluons et respectons la position de l'Algérie», a-t-il confié à L'Expression ajoutant que Moscou «s'attendait à cette position qu'elle comprend surtout qu'elle est celle d'un pays avec laquelle elle entretient des relations stratégiques». L'ambassadeur a rappelé, dans le même sillage, que les deux pays vont fêter dans quelques jours le 60e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. On ne peut plus claire, cette déclaration vient couper court à toutes les rumeurs colportées sur les prétendus «rapports tumultueux» entre Alger et Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine. Lors d'une réunion, au 2 mars dernier, l'Assemblée générale les Nations unies a adopté un projet de résolution condamnant la Russie après ses opérations militaires contre l'Ukraine. Ce projet a été adopté par 141 Etats, sur un ensemble de 193. L'Algérie s'est abstenue de voter et tient sa position de non-alignée exprimée depuis le début de cette crise entre la Russie et l'Ukraine. À l'instar de l'Algérie, 34 autres Etats dont la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, l'Irak et le Pakistan se sont également abstenus. La Russie, la Corée du Nord, l'Erythrée, la Syrie et la Biélorussie ont voté contre. Manipulations contre l'Algérie En s'abstenant de voter cette résolution, l'Algérie a réaffirmé avec force son attachement aux principes et buts de la Charte des Nations unies. Pour la délégation algérienne, ces buts doivent demeurer la base du droit international, en particulier ceux liés au respect de l'indépendance et de la souveraineté des Etats, ainsi que l'intégrité territoriale conformément à la légalité internationale. Fidèle à son engagement à développer les relations amicales entre les Etats, fondées sur la coexistence et le règlement pacifique des différends, l'Algérie privilégie ainsi, les vertus du dialogue et de la diplomatie pour le règlement des conflits. La deuxième «mise au point» de l'ambassadeur russe a porté sur l'approvisionnement de l'Europe en gaz. Une question cruciale qui a entraîné l'Algérie, malgré elle, dans ce conflit. Diverses informations hâtives, par ailleurs tendancieuses, ont vite laissé entendre que l'Algérie est sur le point de ravir à la Russie sa 2e place de fournisseur de gaz à l'Union européenne. «Le problème ne se pose pas pour nous, car nous considérons que c' est une question purement commerciale loin d'affecter nos relations». Interrogé sur l'éventualité d'une fermeture totale des vannes pour l'Europe, le diplomate russe affirme que la perspective d'une baisse, voire d'un arrêt des approvisionnements de gaz naturel russe vers l'Europe « n'est pas pour le moment à l'ordre du jour». Révélations sur l'arme atomique Il fait remarquer à ce propos que la société russe Gazprom honore convenablement ses engagements et que « 100 milliards de m3 de gaz sont fournies à l'Occident». Mieux, le commerce du gaz prospère depuis le début du conflit. Le gazoduc Brotherhood qui part de la Russie jusqu'aux pays de l'Union européenne (UE), en passant par le sol ukrainien tourne à plein régime. Ces affirmations viennent tempérer l'enthousiasme de ceux qui veulent placer l'Algérie sur «un nuage énergétique». «Mais tous ces dires ne sont que des spéculations occidentales», indique l'ambassadeur russe. En réalité ni Alger ni Doha ne peuvent remplacer à court terme le flux contrôlé par le Kremlin. Dans ce contexte de guerre, certains médias annoncent qu'une délégation russe arrivera dans les tout prochains jours à Alger pour marquer son mécontentement. «Il n'en est rien», a affirmé l'ambassadeur, indiquant que la seule délégation prévue est celle de la commission mixte programmée de très longue date mais dont la venue a été retardée par la guerre en Ukraine. Abordant l'opération spéciale menée par l'armée russe en Ukraine, Igor Beliaev, a fait une incroyable révélation: il a été catégorique en affirmant que les services de sécurité russes ont des éléments probants que «l'Ukraine était sur le point de produire une arme atomique, ce qui est absolument inacceptable pour notre sécurité». Depuis l'époque de l'Empire soviétique, il y avait en Ukraine une certaine technicité et un savoir-faire dans le nucléaire qui sont restés après le démantèlement de l'Urss. «Ce sont ces moyens qui ont été repris par le pouvoir de Kiev qui n'a jamais caché son hostilité envers la Russie», ajoute Beliaev soulignant que tout ce travail se fait avec l'aide de l'Occident. « Nous avons également des informations sur la fabrication toujours en Ukraine par des experts américains d'armes biologiques d'une extrême dangerosité». Pour le diplomate russe, les premiers objectifs de cette guerre ont été atteints, à savoir la destruction des installations militaires de l'ennemi. «Les troupes russes vont marcher vers la capitale Kiev avec des unités hautement spécialisées dans les techniques de la guérilla qu'elle ont acquises en Syrie», a fait savoir l'ambassadeur pour qui la dernière étape de cette guerre sera de démilitariser et dénazifier l'Ukraine «avant de traduire devant la justice ceux qui ont commis le génocide contre le peuple de la région de Donbass». S'agissant du bilan provisoire de cette guerre, il a fait état de 500 soldats russes qui sont morts et 15000 autres ont été blessés. Du côté ukrainien, 25000 soldats ont été tués et 4000 blessés.