Le référendum convoqué par le président palestinien, Mahmoud Abbas, sur un document reconnaissant implicitement Israël est en train de donner lieu à une bataille rangée entre les députés du Fatah et ceux du Hamas qui contestent le droit du chef de l'Autorité palestinienne à organiser une telle consultation. Le Conseil législatif ( CLP, Parlement ), largement dominé par le Hamas, a en effet consacré une réunion d'urgence à la «légalité» du référendum mais le débat a dégénéré en un véritable affrontement entre les parlementaires des deux partis. Selon les députés du Hamas, Mahmoud Abbas n'est pas habilité par la loi fondamentale, la Constitution de l'Autorité palestinienne, à prévoir et encore moins convoquer une telle consultation. Le document, qui a été élaboré par des cadres appartenant à différentes factions palestiniennes et détenus par Israël, préconise la fin des attentats contre l'Etat juif ainsi que l'établissement d'un Etat palestinien sur les territoires occupés en 1967, ce qui implique une reconnaissance de facto d'Israël, au grand dam du Hamas qui rejette une quelconque forme de «reconnaissance», malgré les pressions internationales et...arabes. En ouvrant la séance des débats au CLP, retransmise par vidéo-conférence dans les fiefs du parti, le président du Parlement, Aziz Doweik, dirigeant du Hamas, avait donné la mesure en annonçant qu'il a adressé une lettre au président de la Commission électorale centrale lui demandant des «clarifications» sur la légalité de l'initiative du président Abbas. Ce qui ne l'a pas empêché de déclarer, sans attendre la réponse, que le référendum a été convoqué «sans base légale» et que son organisation nécessite un amendement de la loi électorale. «Une loi ne peut pas être amendée par un décret présidentiel» a-t-il à cet égard affirmé. Le Hamas peut empêcher l'adoption de tout texte soumis au Parlement dés lors qu'il compte 74 des 132 sièges que compte le CLP. C'est ce qui rend sa démarche sujette à caution, pour les députés du Fatah qui ont, à leur tour, contesté au président de la Chambre de prendre une telle initiative, affirmant que «le CLP n'a pas le droit de débattre d'une décision et d'un décret présidentiel». Pour les partisans du président Mahmoud Abbas, il n'est pas question de se soumettre au diktat du Hamas. Aussi, envisagent-ils de saisir le Conseil constitutionnel au cas où le CLP voterait un rejet du référendum. Le document à l'origine de la polémique a pourtant été élaboré par des cadres appartenant aux différents groupes palestiniens, Fatah et Hamas compris, emprisonnés par Israël. Même si, depuis, ceux du Hamas et du Djihad se sont rétractés et ont annoncé leur décision de s'en dissocier après l'annonce du référendum, il n'en demeure pas moins qu'une telle discorde n'est pas faite pour renforcer la position palestinienne face aux pressions et aux chantages exercés de toutes parts par les partisans de l'Etat juif. L'initiative du président Mahmoud Abbas satisfait le quartette sur le Proche-Orient (USA-UE-Russie-ONU) mais elle est lourde de menaces pour l'avenir des relations entre factions palestiniennes qui doivent trouver un accord consensuel afin d'éviter le piège dans lequel leurs ennemis seraient ravis de les voir chuter.