Au lendemain du sommet de Versailles que l'Union européenne a consacré, durant les deux jours de réunion, au conflit en Ukraine, le président français Emmanuel Macron, président tournant en exercice de l'UE, et le chancelier allemand Olaf Scholz se sont entretenus une nouvelle fois avec le chef d'Etat russe Vladimir Poutine au sujet de la guerre en Ukraine qui a singulièrement brouillé les cartes de relations internationales. Lors de leur dernier entretien, jeudi dernier, au moment de l'ouverture du sommet, les deux dirigeants européens avaient «exigé» du président russe «un cessez-le-feu immédiat». Et l'Elysée a signalé dans son décompte que depuis leur rencontre du 7 février dernier, à Moscou, Emmanuel Macron en est à son septième entretien téléphonique avec Vladimir Poutine. Avant ce nouvel appel, Macron a annoncé qu'il n'exclut pas un embargo total de l'UE sur le gaz et le pétrole russe malgré les fortes réticences de l'Allemagne et, à un degré moindre, de l'Italie, toutes deux fortement tributaires des livraisons russes. Se pliant au discours ambiant, tel qu'il découle des décisions successives prises par les Etats-Unis, l'Allemagne a affirmé, hier, qu'elle envisage de pouvoir se passer du charbon russe «d'ici l'automne» et du pétrole russe «pratiquement d'ici la fin de l'année», si l'on en croit le propos de son ministre de l'Economie. «Chaque jour, voire chaque heure en fait, nous disons un peu plus adieu aux importations russes», a ainsi déclaré l'écologiste Robert Habeck au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et il a ajouté: «Si nous y parvenons, nous serons indépendants du charbon russe à l'automne et presque indépendants du pétrole de Russie à la fin de l'année.». Plus facile à dire qu'à faire, surtout en ce qui concerne le gaz dont un abandon des importations en provenance de Russie pourrait s'avérer autrement plus préjudiciable pour la plus forte économie de l'Europe qui, en outre, ne dispose pas de ses propres capacités d'importation de gaz liquide. Les dirigeants allemands affirment, cependant, qu'ils s'emploient à résoudre ce problème. En attendant, l'Allemagne importe un tiers de son pétrole et plus de 45% de son charbon de la Russie, si l'on en croit les statistiques du gouvernement. Or, la part des livraisons de gaz naturel russe s'élevait, quant à elle, pour l'année 2020, à un peu plus de 55%. Signe que cette dépendance énergétique n'a jamais cessé de croître depuis 2014, se situant à l'époque, déjà, à 36%. Ceci explique cela et les dirigeants allemands qui s'efforcent de ne pas doucher l'atmosphère occidentale, fortement grisée par l'ampleur et l'impact supposé des sanctions contre la Russie et son peuple freinent des deux pieds pour appliquer sans délai les exigences de leurs partenaires européens et des Etats-Unis. Les besoins énergétiques en gaz et en pétrole sont à ce point cruciaux pour leur économie qu'ils n'ont pas hésité, Robert Habeck en tête, à réitérer leur opposition à un embargo immédiat sur ces importations comme le leur ont exigé Washington, Londres et Paris et certaines pays d'Europe de l'Est. Plus que d'autres, l'Allemagne et l'Italie redoutent les difficultés qui se profilent pour l'hiver prochain, porteur d'une crise économique aiguë, d'une inflation forte et de l'inévitable explosion des prix de l'énergie sous toutes ses formes.