Hier encore, l'indignation était au rendez-vous à l'université de Béjaïa. Le climat de colère animait toute la communauté universitaire. Ils étaient nombreux ces enseignants à afficher leur mécontentement à travers un rassemblement de soutien à leurs camarades licenciés, organisés au niveau du campus d'Aboudaou. La section locale du Syndicat des enseignants du supérieur solidaires (Sess), dont un des enseignants licenciés en est membre actif, a tenu à marquer sa colère et demander réparation. L'université de Béjaïa n'a jamais atteint une dérive pareille, indique-t-on, estimant que «la situation revêt un caractère grave, qu'on ne peut absolument pas se taire». Dans une déclaration rendue, précédemment, publique, les membres du Syndicat parlent de «la transgression totale des textes juridiques en vigueur et des principes d'un procès équitable». Le licenciement du professeur à la faculté de droit, Tarik Benmerghid, membre du conseil syndical et représentant des enseignants au sein du conseil scientifique et de la commission paritaire de l'université Abderrahmane-Mira, sa collègue, Lamia Mouloudj, décidé par la commission paritaire de l'université pour une histoire de cumul de fonctions, n'est pas pardonnable aux yeux des protestataires qui relèvent que «l'article 44 de l'ordonnance n°06-03 du 15 juillet 2006 portant statut général de la Fonction publique, l'article 25 de la loi n°06-03 du 20 février 2006 portant organisation de la profession d'huissier de justice, et l'article 12 du décret exécutif n°08-130 du 3 mai 2008 portant statut particulier de l'enseignant, leur permettent d'exercer les deux fonctions.» Me Sid-Ali Djenane, avocat de profession, en communication à la faculté de droit de l'université de Béjaïa, a été rétrogradé pour le même motif de «cumul de fonctions», précise encore le syndicat dans sa déclaration. Alors que «24 autres enseignants de la même faculté sont dans la même situation, pourquoi cible-t-on uniquement ceux-là?», s'interroge le Sess. Tarik Azekak, maître de conférences en marketing au département de sciences commerciales, est quant à lui licencié pour «comportement irrespectueux et destruction d'un document administratif». Hier, le syndicat a affiché sa détermination à demeurer mobilisé jusqu'à la réhabilitation de ces «victimes de l'arbitraire». D'autres actions de protestation sont prévues dans les prochains jours.