Au lendemain de la condamnation de l'enseignante militante, Mira Moknache, à deux ans de prison ferme par le tribunal d'Amizour, les membres de la communauté universitaire de Béjaïa se sont fortement mobilisés, hier, en organisant un rassemblement pacifique, en signe de dénonciation de ce qu'ils qualifient "d'instrumentalisation de l'appareil judiciaire à des fins de persécution politique". À l'initiative du noyau d'étudiants, d'enseignants et de travailleurs ATS de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, un nouveau cadre politique rejoint par la section locale du Syndicat des enseignants supérieurs solidaires (SESS), un imposant rassemblement a été tenu, hier matin, à 10h, dans l'enceinte du campus d'Aboudaou. Après la prise de parole ayant marqué ce sit-in, la foule a improvisé une marche pacifique dans le même pôle universitaire. À travers ces deux actions de protestation, les membres de la communauté universitaire de Béjaïa comptent exprimer leur colère et leur indignation après la condamnation de leur camarade Mira Moknache, et manifester, par la même occasion, leur solidarité agissante envers cette dernière. "La sentence prononcée à l'encontre de notre collègue Mira Moknache est très lourde. Sa place est parmi les siens à l'université de Béjaïa et non pas en prison. Sa condamnation est une première dans les annales de notre université", a lancé le professeur Rachid Saou, lors de son intervention devant la foule. Après avoir rassuré leur collègue de la faculté des sciences économiques de leur soutien "indéfectible", les différents intervenants ont réitéré l'exigence de la "libération de tous les détenus politiques et d'opinion", ainsi que la nécessité de reprendre la mobilisation populaire afin d'"imposer l'annulation pure et simple des dispositions de l'article 87 bis du code pénal qui criminalise l'acte politique". De son côté, le coordinateur du SESS à Béjaïa et enseignant à la faculté de droit, Ahmed Benberkane, estime que les amendements apportés à l'article 87 bis du code pénal est "anticonstitutionnel". "C'est une remise en cause des principes fondamentaux du droit, notamment la séparation des pouvoirs et la présomption d'innocence", a-t-il martelé. Pour sa part, l'enseignante universitaire Mira Moknache a expliqué que cette journée de protestation vise à "récriminer la condamnation judiciaire", dont elle a fait l'objet, "pour un délit d'opinion autour des libertés démocratiques". Et de poursuivre : "C'est une occasion aussi pour exiger à nouveau la libération de tous les détenus politiques. Cette manifestation s'inscrit dans la continuité de l'histoire du combat pour les libertés, dont l'université de Béjaïa constitue un acquis de longue lutte, arraché par des lycéens qui avaient écopé jusqu'à 3 ans de prison ferme, en 1981."