Neuf Palestiniens ont été tués hier après des raids de l'armée israélienne. L'aviation israélienne a encore opéré hier des raids sur la bande de Ghaza tuant neuf personnes, dont deux enfants, et en en blessant plusieurs autres. Ces raids qui doivent «empêcher», selon l'armée israélienne, les tirs de roquettes Qassam sur les villes israéliennes du sud, se sont multipliés depuis la semaine dernière devenant quasi-quotidiens occasionnant des morts et des blessés parmi la population palestinienne. L'un des trois raids effectués hier visait une voiture dans laquelle avait pris place deux responsables du Jihad islamique. La voiture visée par le raid circulait dans un quartier populaire faisant des victimes parmi les civils palestiniens. Les deux activistes du Jihad islamique ont été tués mais aussi sept civils victimes collatérales parmi lesquelles deux enfants, selon les services hospitaliers de la ville. C'est probablement, selon les témoignages sur place, un appareil sans pilote -un drone- qui a lâché ses bombes sur la voiture. En usant de tels appareils, les drones, dans des lieux populaires très fréquentés, Israël montre combien la vie des civils palestiniens lui indiffère, d'autant plus que le mutisme de la «communauté internationale» -face aux crimes de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés- est compris comme un assentiment par Israël qui, fort de l'impunité qui lui est ainsi octroyée, veut réduire par le feu et par l'assassinat la résistance du peuple palestinien. A propos d'assassinat, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert a, implicitement, menacé de mort les ministres du Hamas, en déclarant à Londres, où il se trouvait en visite, que «quiconque est impliqué dans le terrorisme ne peut prétendre à la moindre immunité» ajoutant: «Je pense qu'il ne serait pas intelligent de donner plus de détails». Le président Abbas, qui était hier à Ghaza, a condamné les raids israéliens accusant Israël de «terrorisme d'Etat» indiquant: «Ce que fait Israël s'appelle du terrorisme d'Etat. Ce terrorisme d'Etat ne nous ébranlera pas». Si Israël poursuit son jeu de massacre dans la bande de Ghaza -plus de 20 Palesti-niens ont été tués entre vendredi et hier- dans les territoires occupés la situation n'a cessé ces derniers jours de se détériorer avec le durcissement du bras de fer entre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Hamas, sur fond de chaos et d'anarchie. De fait, le président Abbas tentait -en vain jusqu'ici- de reprendre les choses en main, ordonnant le retrait des forces spéciales du Hamas des rues de Ghaza, d'une part, en faisant déployer des renforts policiers en Cisjordanie -atteinte à son tour par la violence interpalestinienne- et dans la bande de Ghaza, d'autre part. De fait, la journée du lundi a été l'une des plus violentes de ces derniers jours avec les heurts qui ont opposé les Palestiniens entre eux. La situation actuelle est induite directement de la prise de pouvoir du Hamas qui refuse de composer et de tenir compte de la réalité sur le terrain, amenant au boycott de l'Autorité palestinienne par la «communauté internationale» avec comme retombée le préjudice causé à la population palestinienne qui se trouve dans une situation humanitaire qui inquiète de plus en plus le Cicr qui, dans un communiqué publié hier à Genève, a indiqué que «Le Cicr est profondément préoccupé par l'augmentation des besoins et la dégradation de la situation sécuritaire dans les territoires occupés». La dégradation de la situation sécuritaire dans les territoires, induisant une situation humanitaire dramatique pour les Palestiniens, fait suite au refus par le mouvement islamiste Hamas de (l'initiative) des cadres palestiniens prisonniers amenant le président Mahmoud Abbas à convoquer -pour le 26 juillet prochain- le peuple palestinien à trancher dans le débat qui oppose la direction de l'Autorité palestinienne à Hamas, en votant pour ou contre «l'initiative». Une ultime rencontre lundi à Ghaza, entre M.Abbas et le Hamas s'est, encore une fois, soldée par un échec, les positions entre les deux parties demeurant inconciliables. Le chef du groupe parlementaire du Hamas, Khalil Al-Hayyah a indiqué à ce propos «Nous avons rejeté le référendum mais décidé de poursuivre le dialogue avec l'espoir qu'il se soldera par un succès». En fait, le temps n'est plus au dialogue alors que la population palestinienne est de plus en plus confrontée à un problème de survie. Une question de pouvoir se pose aujourd'hui de façon cruciale aux Palestiniens qui, d'une manière ou une autre, doivent trancher dans un débat qui met en péril la cause ultime: l'édification de l'Etat palestinien indépendant. Aussi, appeler le peuple souverain à se prononcer sur «l'initiative» qui partage les pôles de pouvoir -dans les territoires palestiniens- est encore la décision la plus sensée pour sortir d'une crise qui annihile les efforts faits par ailleurs par les Palestiniens pour leur droit à avoir un Etat indépendant.